vendredi 8 août 2014

Aux portes de l'Enfer

D'abord quelque clarté des lumineux sommets
Vous laisse distinguer vos mains désespérées.
On tombe, on voit passer des formes effarées,
Bouches ouvertes, fronts ruisselants de sueur,
Des visages hideux qu'éclaire une lueur.
Puis on ne voit plus rien. Tout s'efface et recule,
La nuit morne succède au sombre crépuscule.
V. Hugo, La vision de Dante.

Sigfried saute le rebord, les armes s'entrechoquant dans un raffut de tous les diables. Il s'approchera de la rouquine, un léger sourire dessiné à la commissure de ses lèvres : « Tu tombes bien toi. »

Nacyra lève les yeux vers l’ombre qui se dresse au-dessus d’elle. Une petite moue vient ourler ses lèvres alors qu’elle reconnaît Sigfried. Elle l’a cherché partout sans le trouver et voilà qu’il tombe du ciel… : « Salut Jarl », fait-elle dans un léger sourire, « Vous avez besoin de quelque chose ? »

Sigfried acquiescera alors qu'il dégagera son arc de son dos pour le déposer contre le banc... Il viendra ensuite s'y affaler pour faire signe à la rouquine d'approcher de lui. Le regard posé sur elle, il prendra le temps de parcourir sa nouvelle tenue... Visiblement cette petite, bien qu'enfantine dans sa morphologie, arrivait tout de même à dégager quelque chose de féminin, de sensuel... Allez savoir quoi, il n'arriverait certainement pas à en trouver la raison, même s'il devait se creuser la tête : « Oui, que tu m'expliques comment s'est passé le moment détente de Rune hier, je veux tout savoir dans les détails, ce qu'il s'est passé, ce qu'il s'est dit... Tout. »

Nacyra se tourne lentement vers lui. Une seconde d’hésitation s’écoule avant qu’elle ne s’avance pour réduire, de deux pas, l’espace qui les sépare. Elle a bien prévu de lui raconter le moment passé avec Rune tout en s’étant promis, dès le départ, de conserver certaines choses pour elles : « Je vais vous raconter ça, Jarl… », lui souffle-t-elle avec douceur. Elle sait qu’elle va jouer à un jeu dangereux, car elle ignore totalement s’il a posé la même question à la petite blonde. Et surtout, si c’est le cas, ce qu’elle lui a répondu…

Sigfried avancera alors sa main en la voyant réduire l'espace qui les sépare... Il lui agrippera le poignet pour d'un geste ferme, mais à la fois doux, l'attirer contre lui sur ses genoux. Les yeux légèrement plissés et brillants. Il la fixera avec attention, il ne laissera son visage qu'à quelques centimètres à peine de celui de l'esclave, comme si par la proximité il l'invitait à la confidence... D'ailleurs bien que son souffle pourrai paraitre sourd, lourd, puissant comme celui d'un bosk, sa voix elle restera posée, calme, à peine plus forte qu'un murmure : « Je t'écoute, et surtout n'oublie rien. »

Nacyra comme toujours, se laisse faire avec docilité, atterrissant mollement contre lui. Son pouls s’emballe quelques instants. Sa respiration reste calme et les battements de son cœur reprennent peu à peu leur rythme normal. Elle pose les mains sur ses propres genoux, comme une enfant sage, se triturant les doigts en un geste un peu nerveux. Ses yeux clairs viennent rencontrer le vert émeraude de ceux du Nordique : « Tout d’abord, je suis allée la chercher. Elle était dehors, auprès de chez vous. Elle m’a dit qu’elle avait justement l’intention d’aller aux bains… », un petit sourire tendre échappe à Nacyra, « elle était enchantée que je lui dise que c’est vous qui m’aviez envoyée. »

Sigfried acquiescera à chacun de ses mots ou presque, il semblait lui aussi vouloir profiter d'un moment avec Nacyra, du moins, c'est ce que ses gestes pourraient laisser penser quand ses mains viennent empoigner fermement sa croupe, presser tout autant dessus afin d'obliger la jeune femme à se coller contre lui. Torse contre torse, bassin contre bassin. Il semblait appuyer sur les reins de la rouquine de telle façon qu'on pourrai croire qu'il ne voulait plus laisser d'espace entre eux, même pas assez pour une simple bulle d'air. Il ne semblera pas chercher à vouloir s'accaparer le regard de la bondmaid, du moins pas encore. Pour le moment seul son corps semblait l'intéresser, au point où ses yeux glisserons sur les lèvres de Nacyra, que son nez, parfois même sa joue, viendront aussi en frôler ses pommettes : « Ensuite ? »Sa voix n'avait pas varié d'un ton, toujours aussi basse*

Nacyra étouffe un petit cri de surprise lorsqu’il l’attire davantage contre lui « Ensuite, nous nous sommes rendues au Hall. Nous avons retiré nos vêtements, toutes les deux, et sommes entrées dans l’eau » Elle revoit presque la silhouette sculpturale de Rune se glisser lentement dans l’eau chaude, « Elle s’est installée au bord du bassin et m’a invitée à m’approcher. Et puis… »

Sigfried donnera un rapide coup de reins, pressant un peu plus son bassin contre celui de Nacrya pour le geste, un coup de reins bien assez suggestif pour laisser apparaitre ce qu'il avait en tête, même si pour le moment il n'avait encore rien tenté... Une de ses mains, qui jusqu'alors campée sur la croupe de la rouquine, remonte rapidement à la longue tignasse pour lui tirer la tête en arrière, obligeant ainsi la bondmaid à lui offrir son cou.... : « Ne t'arrête pas ... Continue, je t'ai dis que je voulais tout savoir »

Nacyra se sent de plus en plus mal à l’aise. Elle ne manifeste pourtant aucune résistance et le laisse disposer de son corps frêle. La tête renversée en arrière, ses iris se perdent dans le ciel avant que ses paupières ne s’abattent sur eux pour les plonger dans d’apaisantes ténèbres. Les coups de dents du Nordique la font frissonner. De délice ou d’effroi, difficile à déterminer. Elle poursuit son récit.. Se raccrocher à ce souvenir qu’elle doit conter n’est pas plus mal, il l’apaise : « Nous avons discuté dans l’eau… », murmure-t-elle d’un ton un peu douloureux, « Elle m’a posé des questions sur moi. »

Sigfried gardera la main fermement cramponnée dans la longue chevelure, son autre main au creux de ses reins viendra presser un peu plus afin d'obliger l'esclave à commencer un lent mouvement circulaire.. Il ne se gênera pas pour profiter du mouvement du frêle corps sur son pantalon pour lui laisser sentir, malgré l'épaisseur du tissu qu'il portait, l'érection naissante qui lui arrachera un nouveau sourire. Il prendra une longue inspiration, cette esclave avait beau, à ses yeux, avoir un air trop doux trop enfantin, ça réveillerai presque en lui des pulsions malsaines, des envies de douleurs, de test et de jugement... Des envies de voir jusqu'à quel point il pourrait martyriser ce pauvre corps, cet esprit jusqu'à ce qu'il cède, casse ou devienne dépendant... Il viendra alors mordre plus sèchement le cou offert de Nacyra, comme pour essayer de se retirer cette idée de la tête...

Nacyra garde les yeux clos. Il est rare, en ce monde, qu’un homme parvienne à l’émoustiller et c’est une des raisons pour lesquelles son éducation a toujours été considérée comme imparfaite. Pour une fois que le feu lui monte vraiment aux joues, elle devrait donc être ravie. Il paraît que ces choses-là sont plus faciles lorsque le désir est présent. Mais, à côté de cette excitation montante, Nacyra a un mauvais pressentiment. Sa raison lui hurle de se protéger. Elle repense à ce qu’elle a dit à Rune, dans les bains. Son corps se tend contre celui de Sigfried, comme une forme de résistance silencieuse. Elle ouvre les yeux. Ne pouvant bouger la tête, puisque le Nordique la maintient fermement en arrière par les cheveux, elle regarde les cieux. Parler. Ses lèvres s’entrouvrent. Elle souffle. Les mots mettent du temps à sortir : « Elle m’a demandé si je pensais pouvoir vous… attirer. »

Sigfried cesse tout mouvement à cette simple phrase, comme s'il était surpris... Celle là, il ne s'y attendait vraiment pas.. Une seule question pourtant lui viendra en tête, il connaissait bien Rune, peut-être trop bien après 14 années de compagnonnage... Ses grands yeux couleur émeraude fixerons alors la femme enfant qu'il a sur les genoux. Il en remarquera même la petite protestation silencieuse de son corps. Il soufflera alors : « Et tu as répondu ? » Ses gestes recommencerons de plus belle, avec un peu plus d'insistance cette fois-ci, là, il relevait le challenge de faire céder cette barrière qu'elle s'imposait. Sa main abandonnera donc la prise dans la chevelure pour venir s'aplatir sur la hanche de l'esclave, l'autre s'en fera la jumelle et toutes deux commencerons à presser bien plus fort sur son bassin pour la caler contre lui au moment ou il entamera quelques va-et-vient.

Nacyra profite des quelques secondes de répit qu’il lui accorde. Mais l’exquise torture reprend de plus belle, une fois l’effet de surprise estompé… Malheureusement pour l’un comme pour l’autre, cette reprise tend plutôt à renforcer l’armure de Nacyra. Naturellement, elle est assez subtile pour ne rien faire qui puisse froisser le Nordique et son corps se relâche même contre le sien. Ses prunelles contemplent toujours le ciel. Aucun secours ne viendra d’ici non plus, elle le sait depuis longtemps… Elle se mord les lèvres : « Je lui répondu… Que c’était déjà le cas mais que je ne voulais pas jouer ce jeu là… », elle inspire une grande bouffée d’air. Garder le contrôle. Ses joues lui paraissent moins chaudes : « parce que… Vous êtes dangereux pour moi. » Son visage, qui était jusqu’alors renversé en arrière, s’abaisse lentement vers lui. Elle plonge son regard bleu dans celui de Sigfried : « Je lui ai dis que vous aviez le désir impulsif de me détruire. »

Sigfried écoutera avec attention les mots qui sortiront uns à uns des fines lèvres de l'esclave.... Un large sourire apparaitra à la commissure de ses lèvres alors qu'elle évoquera les désirs qu'ils cachait au plus profond de son être lorsqu'il la croisait.. Ses yeux semblerons de mettre à briller d'une lueur malsaine alors qu'il stoppera chacun de ses mouvements. Il reste là, immobile, à la contempler, à plonger son regard dans le sien, non pas pour la sonder, ou même démontrer le moindre signe d'émotion.. Mais juste pour le coup, simplement la regarder droit dans les yeux. Cette petite était vraiment intrigante, elle avait lu en lui, bien avant que cette pulsion ne lui parvienne clairement quelques minutes auparavant. Elle venait de dire tout haut ce que lui venais de ressentir en son fort intérieur. Sa main droite commence alors à glisser de la fine hanche, parcourir son ventre du bout des doigts, s'arrêtera même quelques longues secondes sur la pointe de ses seins pour les caresser pensivement. Il semblait comme perdu dans ses pensées, comme loin, très loin de l'endroit ou se trouvait son corps. Absent tout simplement. Soudainement, sans prévenir, ses yeux semblerons se rétrécir, ses sourcils se froncer, sa main se sera déplacé à la vitesse de l'éclair pour venir empoigner avec force la gorge de l'esclave, serrant bien assez l'étreinte pour quasiment la priver de tout oxygène... Les mâchoires crispées, une nette flamme de sadisme brulant dans ses pupilles, il persiffle entre ses dents : « Que tu veuilles ou non jouer à ce jeu là Nacyra, tu n'en aura pas le choix, je ne te laisserai certainement pas le choix... Il est surprenant de trouver un esprit aussi vif chez une esclave, et j'en suis d'autant plus surpris parce que ce désir de te pousser jusqu'à ce que ton corps et ton esprit se brisent, ou.... » Il semble insister sur son ou, marquant même une pause pour approcher ses lèvres des siennes « en deviennent dépendants... Je viens juste de le ressentir, et pourtant toi tu l'avais déjà perçu. »

Nacyra est terrifiée. Tant par ce qu’elle a vu dans le regard de Sigfried alors que ses paupières étaient encore ouvertes que par ce qu’elle éprouve elle-même. Un désir foudroyant. Être à lui. Même pas pour s’épargner des souffrances inutiles, oh non, mais pour répondre à cette passion dévorante dont elle se serait bien passée. Là, en position de totale vulnérabilité, elle perd le savant contrôle qu’elle parvenait encore à exercer sur son corps et elle sent avec détresse que sa volonté est en train de céder. Son cœur bat la chamade. Sa poitrine se serre. La douleur. L’asphyxie. Lui. D’autres ont essayé, par tous les moyens… Mais elle leur a toujours renvoyé un masque de triste indifférence, même dans les pires situations possibles. Elle rouvre les yeux une seconde, avant de perdre connaissance. Regrettera-t-elle de l’avoir laissé contempler le feu dans son regard ?

Sigfried relâchera lentement l'étreinte sur la gorge de Nacyra au moment ou il la sentira devenir molle, perdre connaissance... Cette fois ci, c'était un large sourire qui avait pris place sur son visage, un sourire des plus satisfait... Il avait vu ce qu'il voulait voir... Il avait pu sonder, même l'espace d'une seconde à peine le tréfonds de son âme... Ce n'était pas de la peur qu'il avait vu, oh que non. Mais bel et bien ce qu'il souhaitait tellement voir lorsqu'il avait ressentit ce désir de la briser complètement. Il soulèvera le corps endormi par le manque d'oxygène, et le déposera sur son épaule. Cette fois-ci, le jeu commençait vraiment, il allait pouvoir voir jusqu’où elle irait sans se casser, jusqu'à quel point son corps fragile pourrai le supporter lui, tant physiquement... que mentalement d'ailleurs.

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