dimanche 7 septembre 2014

L'amanite à pierreries

Elaine va mal en ce moment et cela se traduit par une farouche tendance à la solitude couplée à des fréquentes visites au cimetière pour aller se recueillir –pleurnicher- sur la tombe de sa mère. Comme tous les jours depuis quelques temps, la jeune femme emprunte donc le chemin menant au cimetière, faisant au passage un long détour par la forêt.

Alors qu’elle progresse d’un pas traînant sur les pavés délimitant sa route, elle aperçoit une silhouette encapuchonnée, couverte d’une lourde cape noire. Un frisson court le long de son échine : cette vision n’a rien pour la rassurer. Déterminée, elle poursuit tout de même son avancée, pressant le pas dès qu’elle a dépassé l’ombre.

Nareshka s'était avancé presque à l'aveugle, le soleil n'était pas là pour l'aider bien au contraire, et sa vision n'en est qu'amoindri mais elle recherchait se foutu champignon. Nareshka avait bien fait attention à ne pas croiser les gardes ou s'approcher trop près de la cité, sachant bien d'après les dires d'Aenur qu'elle était en mouvement à cause de l'enlèvement. L'ilithiiri était bien recouverte, de dos comme de face impossible de voir sa couleur, elle savait pertinemment que seule il ne fallait pas se faire voir et encore moins connaître.

C'est quand elle entendra des bruits de pas derrière elle, qu'elle fléchit les genoux pour faire mine de chercher quelque chose...Bonne actrice surement...Ses oreilles malgré la capuche essayeront de capter les bruits qui s'éloignent, elle tentera de tourner la tête pour voir celui ou celle qui était dans son dos pour apercevoir une femme...La capuche l'aidant partiellement à mieux voir, elle est sans cesse obligée de plisser, frotter ses yeux pour les soulager, de là elle n'arrive pas à bien voir si c'est une elfe ou non...L'ilithiiri attendra qu'elle s'éloigne pour éventuellement la suivre...

Elaine poursuit donc son avancée vers le cimetière, prise d’une certaine angoisse. Depuis quelques temps, elle a développé comme une allergie à ceux qui se voilent sous des capes noires. Elle a la gorge nouée et regrette presque de n’avoir pas rebroussé chemin quand il en était encore temps. Elle se hâte de rejoindre le cimetière, comme si pareil lieu aller la rassurer. A peine a-t-elle pénétré dans cet endroit funeste, qu’elle se retourne, le cœur battant. L’a-t-on suivie ?

Nareshka s'était remise droite quand les pas se sont éloigné...Ses mains se découvrent de la cape pour venir frotter ses yeux qui commencé déjà à pleurer à cause de la luminosité...Elle soupire longuement et s'arrure que sa cape lui recouvre la poitrine et les mains, non pas qu'elle voulait se faire des amis, mais comment interroger les gens s'ils savent votre nature...Faut dire que la plupart du temps Nareshka se donne un malin plaisir à rabaisser les autres races. 

Finalement elle décide de se tourner pour suivre la femme, sachant déjà qu'elle ne devrait pas tarder à rentrer, son pas est lent et presque hésitant, ne cherchant pas à être discrète mais elle cherche surtout à bien s'orienter, son handicap commençait à prendre trop d'ampleur mais la prêtresse avait ce côté curieux sur les autres races, ne les ayant jamais vues, elle aimait étudier ces races qui pour elle... Étaient tous inférieures à elle...Bien évidement. L'ilithiiri arrive en haut de pente après pas mal de minutes...S'arrêtant net en voyant que ce qui semble être une humaine est planté là..

Elaine plisse les yeux. Le cimetière, perché sur une colline, est nappé d’une légère brume qui le plonge dans une atmosphère morbide et qui perturbe le sens de la vue. Elle trésaille lorsqu’elle finit par distinguer une silhouette gracile, drapée d’une longue cape. Elle a de bonnes raisons d’être inquiète mais un sursaut de raison la persuade de ne pas tout révéler directement. Après tout, elle a respecté son accord avec l’elfe noir. De quoi a-t-elle peur, alors ?

Elle avance d’un pas, s’efforçant de masquer sa peur. Son minois adopte une figure aimable et sa voix, bien que vibrante, est si chaleureuse qu’elle paraît dissiper le brouillard autour d’elle : « Salutation », elle ne parvient pas à distinguer quel visage se terre dans l’ombre de la capuche, « je… je peux quelque chose pour vous ? » Elle sourit avec nervosité.

Nareshka se dit qu'elle repassera surement pour la discrétion mais c'était une prêtresse et surtout elle voulait se foutu champignon, pour les deux mâles sont pas là quand elle en a le plus besoin...S'efforcera pour ne pas grimacer ou même pester à voix haute ce qui est un effort considérable pour l'ilithiiri, elle profitera de la brume pour baisser la tête et se tourner légèrement pour cacher toujours sa main et frotter ses yeux, la petite brume qui l'aider pas mal pour sa vision, du moins sa la soulagée et c'est lorsqu'elle entendra la voix de la femme qu'elle pourrait presque dessiner un visage doux, presque à l'équivalent des elfes ce qui n'était pas pour aider l'humaine...

Avant d'ouvrir la bouche Nareshka s'éclaircira la voix peut être qu'elle la prendra pour une vieille sorcière et parlera de sa voix charmeuse : « Salutation...Peut être...Je ne sais pas encore...J'étais à la recherche d'un champignon quand je t'ai vue... Quel est cet endroit ? » n'ayant pas encore mis les pieds dans un cimetière humain forcement c'était d'avantage curieux pour elle...

Elaine se fait violence intérieurement afin d’apaiser ses craintes. Après tout, cela peut n’être qu’une voyageuse perdue ou même un citoyen de Couronne désireux de rester anonyme… Depuis les récents évènements, elle a le sentiment de paniquer pour un rien et de ne pas parvenir à reprendre le contrôle sur ses émotions. La paranoïa dans laquelle la ville est plongée depuis la disparition d’un enfant n’arrange rien à cet état d’esprit.

Elle sait pourtant, que, si elle ne veut pas éveiller les soupçons et se mettre en danger par la même occasion, elle a intérêt à se remettre rapidement : « Un champignon ? », demande-t-elle d’une voix soudainement plus intéressée que craintive, « je peux peut-être vous aider, je suis herboriste.» Son sourire s’efface pour laisser place à une moue perplexe lorsque son interlocutrice l’interroge sur la nature du lieu où elles se trouvent : « C’est un cimetière », répond-elle sans réfléchir, « un endroit où nous enterrons nos morts… » Mais d’où vient-elle pour ignorer cela ?

Nareshka entendra qu'elle peut l'aider, ce qui pourrait l'arranger pas mal vue sa vision médiocre et ses yeux qui pleurent et qui ne s'arrêtent plus...Nareshka retiendra le mot cimetière, se demandant qu'elle était l'utilité de garder des morts....Pour elle c'était encore plus inutile que les elfes finalement. La drow se gardera bien de lui parler de ses pensées, pour sur qu'elle se fera griller si elle parle de sacrifice pour donner la mort et fermera ses lèvres...

Après quelques longues secondes elle se décide enfin à parler de sa voix qui sera devenue basse : « Je cherche un champignon pour sa toxine...J'ai entendue dire qu'elle était capable d'endormir quelqu'un...Mais mieux travaillée elle peut guérir... » Bien sûr la dernière partie était complètement fausse, mais pour se faire passer pour une gentille elle savait que le mot guérir était presque imparable, et puis ayant senti l'humaine intéressée...

Elaine cligne des yeux. Son interlocutrice a de la chance de l’avoir intéressée avec cette histoire de champignon. Son travail a tendance à lui faire oublier le reste et elle est plutôt prompte à aider autrui dès lors qu’on ne se montre pas désagréable avec elle… : « Vous ne connaissez pas le nom de ce fameux champignon ? », demande-t-elle à tout hasard. Cela lui faciliterait grandement la tâche…

Elle se met toutefois déjà à réfléchir. Elle ne demande jamais à ses clients ce qu’ils comptent faire des plantes qu’elle leur fournit mais comme ce sont, en général, des alchimistes d’Etat, leur activité est de toute façon contrôlée… : « Un champignon somnifère… Je verrais peut-être. » Elle ajoute, continuant de réfléchir : « Mais… Je ne pense pas qu’il puisse soigner quoi que ce soit, même apprêté par le meilleur des alchimistes. »

Nareshka esquisse un sourire, la partie sur la guérison était tombée à l'eau, ses épaules se relèveront à peine : « Je voulais juste voir si tu ne me mentais pas sur ta connaissance... » Le nom...Elle le connaissait dans le langage des drows et non celui des humains alors ca risque d'être difficile...: « Je ne connais pas son nom...Mais je suis sûr qu'une experte comme toi...Sera capable de me guider vers le bon chemin » la fin de sa phrase sera hachurée, vraiment difficile pour elle de complimenter une sous-race, mais pour l'instant elle n'avait pas le choix, Nareshka était seule et avec sa vision amoindrie, une aide était la bienvenue, au pire elle prolonge simplement sa survie dans les bois...

Elaine n’est plus vraiment effrayée mais elle a développé tout de même une certaine méfiance vis-à-vis de cette femme qui lui apparaît suspecte en bien des points. Toutefois, elle ne se voit pas lui refuser de l’aide : « L’Amanita gemmata contient une toxine qui endort », se contente-t-elle de dire, « on la nomme aussi amanite à pierreries. Je sais où la trouver. » Ce champignon est utilisé à Couronne, par les alchimistes, pour réaliser des somnifères vendus aux citoyens insomniaques.

Elle esquisse quelques pas vers la créature encapuchonnée, fendant la brume de son corps frêle. Toujours impossible de distinguer son visage : « Vous avez de la chance, je n’ai rien de mieux à faire », lui dit-elle d’un ton amène, « suivez-moi, je vous prie, mais soyez sur vos gardes. Il y a des êtres dangereux dans la forêt… »

Nareshka écoutera la jeune femme, et retiendra le nom donné par les humains ça peut toujours servir, puis ça évite de parler le langage des ilithiiris, au moins elle peut garder son identité secrète, peut être qu'elle la prendra pour une femme au visage déformé, elle en voyait beaucoup dans l'outre terre des femmes défiguré et qui porté une capuche...Enfin c'était une humaine alors c'est sûr qu'elle n'avait pas les mêmes références.

C'est lorsqu'elle verra la petite chose descendre qu'elle s'écartera, une fois de plus tout était presque calculé, bien que ce mouvement lui coûte beaucoup à son égo, elle fera avec et puis personne n'était là pour la voir, sa voix se fait plus basse : « L'Amanita gemmata...Ça me dit quelque chose...Mes pertes de mémoire... »  soupire un peu, avec un peu de chance ça passera et ajoutera : « Je te suis...Je ferai attention... »

Elaine s’engage donc sur le chemin, vérifiant, cette fois-ci sans crainte, que la créature la suit. Plus elle passe de temps en sa compagnie, plus elle est curieuse de comprendre. Elle sent bien que quelque chose ne colle pas dans cette histoire mais elle serait incapable de dire quoi. Alors qu’elles dévalent le chemin, le brouillard s’estompe rapidement, laissant place aux rayons chaleureux du soleil : « Je ne vous ai jamais croisée… Vous êtes nouvelle dans la région ? », demande-t-elle avec intérêt tout en marchant.

Dès qu’elles s’approchent des bois, Elaine porte toute son attention sur le sol, balayant celui-ci d’un œil expert. Cela fait quelques temps qu’elle n’en a pas ramassé et elle doit donc chercher. Il leur faudra marcher durant de longues minutes avant qu’elle ne s’arrête, en pointant le sol d’un doigt enthousiaste : « Là ! » fait-elle. Elle lui indique un petit groupe de champignons au chapeau jaune pâle, au pied blanc et court, mesurant une dizaine de centimètres de hauteur. Elle va s’accroupir auprès de ceux-ci afin de les examiner d’un regard plus précis : « Oui », confirme-t-elle, « ce sont bien des amanita gemmata ».

Nareshka suivra la jeune femme et quand elle quitte la brume, les rayons du soleil qui semble si étincelant pour certain pour elle c'était pleinement une massacre pour ses yeux et elle titubera un peu et ses pas seront plus long, elle passera surement pour une vieille...Ce qui pourrait être à son avantage, sauf qu'elle ne pourra pas frotter ses yeux et elle baissera d'avantage la tête comme pour se cacher et se soulager parce-que là elle douille sévère...La marche lui paraîtra longue et c'est quand elle entendra l'humaine dire là qu'elle relèvera un peu la tête pour voir les champignons en question sauf que sa vision est tellement amochée qu'elle voit pas grand chose et là elle est obligé de faire confiance à l'humaine ce qui la fera grommeler : « Peux-tu... Me les couper ? » s'arrêtera dans sa phrase pour lui répondre : « Je vis dans la forêt, je n'aime pas le monde...Ni le bruit...Et toi...Tu vis dans la cité ? »

Elaine note que la femme peine à avancer. Peut-être est-elle en effet une vieille sorcière solitaire un peu originale, vivant aux tréfonds des bois, là où même la petite rousse ne s’est jamais rendue… : « Oui, je vis à Couronne. Je me nomme Elaine Seleigh et j’y travaille en tant qu’herboriste. » Elaine reste penchée au-dessus des fameux champignons. Elle décroche de sa ceinture le petit couteau destiné à la cueillette des mycètes et coupe délicatement le pied blanchâtre des amanites, veillant bien à ne pas les arracher. Elle range la lame et se redresse, les mains pleines de champignons.

Elle s’avance vers la prétendue vieille femme : « Tenez, voilà. Dîtes moi… Vous qui vivez dans les bois depuis longtemps… N’avez-vous pas remarqué des choses étranges s’y dérouler depuis quelques temps ? » Manière subtile de tâter le terrain sans révéler quoi que ce soit… Tout en prononçant ces mots, elle baisse les yeux dans l’espoir de distinguer les mains de son interlocutrice lorsque celle-ci va récupérer le butin. Seront-elles fripées ?

Nareshka esquisse un sourire et sent les larmes couler le long de ses joues le soleil est juste en train de lui tuer la vue, mais bon elle ne peut pas quitter les lieux alors qu'elle est à deux doigts de récupérer les champignons et là..Une dilemme s'impose...Comment les récupérer si elle sort les mains elle verra la couleur et nul doute qu'elle verra que c'est une ilithiiri, du coup elle calle sa main sous sa cape pour la soulever et dira : « J'évite de toucher les champignons...J'ai eu beaucoup de mauvaises expériences... » Sa seconde main fera de même pour faire une sorte de cuve avec la cape, dissimulant toujours sa nature, Nareshka rajoutera : 

« La forêt dissimule bien des choses... J'ai pu croiser des centaures et des faunes là où habituellement ils restent dans les profondeurs...C'est surement qu'il a dû se passer quelque chose… Pourquoi ? As-tu fait une mauvaise rencontre...Elaine ? »

Elaine frémit légèrement : « Je les touche, moi, vous voyez bien qu’il n’y a pas de risque… La toxine ne s’extrait qu’à la cuisson. » Elle dépose toutefois les champignons dans le pan de cape que l’énigmatique créature lui offre, déçue de n’avoir pu distinguer ses mains. Sa curiosité est attisée par l’attitude de cette dernière et en même temps, elle a la vive intuition qu’elle ferait mieux de ne pas chercher trop loin…

Mais Elaine manque encore de prudence et de maturité, et elle se laissera emporter par le flux de ses émotions : « Oh, et bien… Il paraît qu’il y a des elfes noirs qui traînent dans les bois. Ce sont peut-être eux qui effraient les faunes et les centaures… » Elle ne mentionnera rien au sujet de ses propres rencontres mais l’éclat de peur dans ses yeux trahit facilement qu’elle ne fonde pas son propos que sur des rumeurs…

Nareshka réceptionne les champignons sans pour autant la remercier au encore lui répondre...Elle relèvera un peu le visage pour voir la frimousse de l'humaine, et sans bien voir elle sentira à ses mots la peur qui l'envahit pourtant quand elle parle d'elfe noir, elle grimace et ne la rectifiera pas :

« Les elfes à la peau sombre sont effectivement dans les parages...Heureusement je vit bien trop loin pour les intéresser...Cela dit, je les ai beaucoup étudiés et...Ils aiment particulièrement torturer et verser le sang des jeunes êtres...Comme toi...Ils sont réputés pour leur méchanceté gratuite et leur plaisir à s'adonner à des rituels ou je ne sais quoi encore... Évite de t'aventurer trop loin, sauf si la curiosité de pousse à faire leur rencontre... »

La vue commençait à lui manquer et écourtera leur rencontre : « Je vais devoir retourner dans les bois... Je ne veux pas trop m'exposer...Peut-être que nous nous reverrons...Elaine l'herboriste. », elle commence déjà à s'écarter toujours en titubant, sa vision commence à se troubler et ses pieds ne se lèvent plus du sol, se contentant de les trainer comme pour tâter le terrain et ne pas tomber sur une racine

Elaine fronce les sourcils au fur et à mesure de l’explication de la vieillarde. Elle semble en effet très bien les connaître et le tableau qu’elle en peint n’a rien qui donne envie de s’en approcher davantage… S’ils aiment tant verser le sang des innocents, pourquoi n’ont-ils pas encore versé le mien ? se demande Elaine. Elle ne peut réprimer une moue étonnée, constatant que la femme ne laisse paraître aucune peur à l’égard des êtres qu’elle décrit. Peut-être est-elle une sorcière assez puissante pour se protéger, en dépit des apparences qui la rendent bien minable, peinant à se déplacer… Elaine la suit du regard alors qu’elle s’éloigne, n’ayant pas eu les réponses aux questions qu’elle se posait à son sujet : « Vous ne m’avez même pas donné votre nom, ma dame ! » s’exclame-t-elle, espérant encore grappiller quelque information : « Soyez prudente ! »

Nareshka s'arrêtera en chemin et lâchera un : « Mon nom t'importe peu petite chose...Mais si l'envie me dit de te revoir soit sûre que nos chemins se recroiseront... » 

Elle reprendra sa route en cherchant toujours son chemin, là elle commence à pester et râler ce qui dans la forêt malgré la lumière et les rayons qui donne un tableau des plus magnifiques, donnera un soupçon de sorcellerie, et d'ailleurs elle finit par arriver à destination. Nareshka ne prendra pas la peine de se retourner pour voir si elle l'avait suivie, bien trop occupé à chercher à reposer ses yeux qui devaient ressembler à deux billes rouges...Une fois à l'intérieur elle soupire et prendra un peu le temps de se reposer, enfin reposer ses yeux bien sûr.

mercredi 3 septembre 2014

La jeune fille et la mort

Elaine est dans le flou depuis sa sieste forcée. Réveillée en panique, elle n’a pour autant mentionné cet événement à personne, se demandant si ce n’était pas qu’un rêve. Le souvenir qu’elle en a, cependant, net et précis, inaltérable, la pousse vers la thèse de la réalité. Et cela se conjugue à merveille avec les derniers évènements qui ont précipités la population de Couronne dans la frayeur dès que la nuit vient à tomber. La jeune femme s’est promis d’aller signaler son aventure aux autorités sans parvenir à décider d’un moment. Chaque chose en son heure, se dit-elle, tout en descendant pensivement les escaliers qui mènent à la sortie de la ville. 

C’est alors qu’une ombre, qui n’a rien d’onirique pour le coup, vient obscurcir sa vision de la rivière. Tout être censé se serait précipité en arrière : c’est trop beau pour être le fruit du hasard… Mais Elaine se contente de poursuivre sa route, capricieuse au point d’aller vérifier s’il est vraiment réel. Prudente, elle s’approche donc de l’individu, gardant toutefois ses distances.

Ashram entendra un bruit de pas derrière lui... Tendant l'oreille il sentira les pas s'arrêter à quelques mètres derrière lui... Il ne bougeait pas d'un millimètre... Pas pour l'instant, les mains cachées par la cape, il les approchera de ses dagues, on ne sait jamais des fois que ce soit un de ces foutus elfes qui aurait été pris d'incommensurable stupidité au point de s'attaquer à un Drow... Les pas cependant étaient trop lourds trop pressant sur le sol pour être ceux d'un elfe, ou alors, peut-être un elfe aussi gras que ces nains... Il tournera la tête après de longues secondes immobile, ne sentant, n'entendant rien venir... 

Il posera ses grands yeux gris sur la jeune femme qu'il avait endormi la veille. Lentement il dégagea une main de sa cape pour venir tapoter le sol à côté de lui, comme une invitation muette avant de revenir poser ses grands yeux gris sur l'eau... Tous ses mouvements avaient été d'une lenteur incroyable, d'une fluidité et d'une grâce qui aurait largement pu dénoter avec tout être masculin de n'importe quelle race.

Elaine le détaille d’un œil à la fois vif et angoissé. Il lui indique l’herbe à côté de lui d’un tapotement fluide. Pense-t-il sérieusement que qui ce soit puisse avoir envie d’aller s’asseoir à côté de lui ? Elle est à la fois courroucée et apeurée. Mais une chose est sûre : il est réel. Et il l’a endormie le jour précédent, en versant quelque potion aux effets somnifères dans sa bouche ; il l’a embrassée… Et après ? Elle frémit, sans pouvoir déterminer si c’est de rage ou d’émotion. Elle inspire une large goulée d’air et tourne les talons. 

Sa voix claire s’élève dans l’air tiède de l’aurore : « Je vais vous dénoncer aux autorités », annonce-t-elle fermement, « vous êtes fini. » Elle se met alors à avancer vers Couronne, le pas plein d’une assurance dont elle ne se savait pas capable avant ce jour. Ce n’est pas une menace en l’air. Cela n’a rien d’une provocation dans le vent.

Ashram fronce rapidement le nez à l'évocation de la jeune femme, à la menace même... Lui qui répugnait donner une mort qui ne servait aucun but, elle venait de lui servir une parfaite excuse de la tuer.... Idiote ! Idiote ! Idiote ! Il hausse un sourcil un instant... Limite à se demander pourquoi il s'en sentait agacé... Elle n'était rien qu'un être inférieur après tout, il n'avait aucune raison de s'énerver pour si peu, et la mettre à mort serait un jeu d'enfant, aussi facile que d'arracher une épée en bois des mains d'un drow de 20 ans... Il soupire alors, et se dirige d'un pas rapide vers Elaine. Les mouvements sont souples, fluides, silencieux... Tant pis elle l'avait cherché... Il fallait intervenir... Sa curiosité des êtres de la surface devait passer en second plan... 

Il contourna sans aucune difficulté la petite rousse pour se planter face à elle... les sourcils froncés, les yeux argent rivés sur son visage... Toujours aucun son ne sortait de sa bouche, il se contentait simplement d'appuyer son froncement de sourcils par un geste de négation de la tête.

Elaine poursuit sa progression vers Couronne, pleine d’une détermination sans faille : ces elfes noirs sont vraiment suspects, à la fois dans leur comportement mais surtout dans leur façon d’agir. Elle a bien l’intention de tout balancer aux autorités de la citadelle afin qu’ils comprennent bien qu’il y a la une menace pour les habitants des Monts. Malheureusement, ses plans s’effondrent comme un château de cartes, balayés en une fraction de secondes. Elle se fige lorsqu’il apparaît face à elle. Loin de lui, elle était déterminée. Maintenant qu’il lui barre le chemin, avec cet air mauvais sur le visage, elle n’en mène pas large. Elle recule d’un pas, désireuse de maintenir une distance de sécurité entre eux. Nul doute cependant qu’il pourrait la franchir allégrement, en moins de temps qu’il ne lui en faudrait pour appeler au secours… 

Elle balbutie, à la fois effrayée et irritée : « Mais vous croyez-quoi ? Que vous pouvez débarquer ici et tout détruire ? Empêcher les gens de circuler dans la forêt ? Les endormir et les… les… embrasser ? » Ses joues virent rouge pivoine mais elle poursuit quand même : « Vous croyez que vous pouvez effrayer les gens à loisir ? »

Ashram laissera apparaitre un sourire durant une fraction de seconde lorsqu'elle rougit... Mais aussitôt son visage redevient inexpressif, comme si rien de ce qu'elle disait ne pouvait l'atteindre. Cette petite chose avait quelque chose autant irritant, que curieux... Une chose était sûre, elle avait peur de lui, pourtant... Il n'avait encore rien fait qui puisse l'expliquer. La tuer sur le champ, c'est ce que la raison lui martelais sans cesses comme une litanie.... La tuer serai le moyen le plus efficace de ne pas mettre en danger les invocations de la prêtresse... Il laissera ses yeux glisser sur le corps de la rouquine, quelques secondes... Avec la corpulence de la jeune femme, il ne mettrait à peine plus d'une seconde à la tuer, cependant, ça pourrait soulever quelques questions, surtout au vue de l'homme qui semblait la protéger... Le type à la grosse hache... Il ouvre alors la bouche comme s'il allait dire quelque chose, mais rien, pas un son, pas une seule onde n'en sort... Tellement peu habitué à parler qu'il ne trouvait aucun mot... Il lèvera alors lentement sa main droite pour tendre un index à la verticale entre eux... Comme s'il lui demandait d'attendre. 

Son autre main fouillera sa sacoche et il en sortira une petite fiole de couleur verte qu'il lui montrera.

Elaine qui est pourtant de nature plutôt douce est profondément énervée par cet interlocuteur qui ne daigne même pas ouvrir la bouche pour lui répondre. Et quand il sort la fameuse fiole et qu’il lui montre, c’est avec rage qu’elle lorgne dessus. Si elle garde assez de raison pour ne pas lui sauter à la gorge afin d’essayer de l’étrangler –ce ne serait pas tâche facile mais rien que d’essayer serait libérateur- elle ne se prive pas pour hausser la voix sur lui, celle-ci montant dans les aigus sous l’effet de la colère : « Vous vous foutez de moi, c’est ça ? » grogne-t-elle, « Vous pourriez au moins répondre, non ? Ça ne vous dérangeait pas tant que ça de parler, hier, pour me susurrer je ne sais quoi à l’oreille ! » Nouveau rougissement. Pourquoi n’arrive-t-elle jamais à rester crédible dans son ire ?

Ashram semblera cette fois ci complètement dubitatif... Ce genre de réactions c'était bien la première fois qu'il la croisait... Quelque chose de vraiment bizarre... de la colère, de la gène... Il ne savait pas trop... il était bien plus habitué à n'avoir aucune réaction, ses victimes n'avaient jamais le temps de le voir et ceux qui n'étaient pas ses victimes avaient peur de ses talents parce qu'ils le connaissaient.... Pourtant elle, cet être, montrait quelque chose d'étrange... Elle n'avait aucune raison d'avoir peur elle ne le connaissait pas, elle ne connaissait pas non plus ses faits et encore moins sont statut de Maitre assassin... Mais il n'y avait pas que ça... Autre chose... Il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus... Son visage montrera une étrange curiosité, une incompréhension devant la réaction de la jeune femme...

Encore une fois il prendra une inspiration et ouvrira la bouche comme pour parler, mais quoi dire ? Il semblait presque désemparé pour la peine... Parler pour ne rien dire... Ridicule, ça ne sert à rien.. L'index tendu pointera alors la fiole qu'il tient, puis il montrera un pouce, avant d'ouvrir la main à plat et la poser sur sa joue pour mimer quelqu'un qui dort... Il espérait arriver à détourner l'attention de la jeune femme sur sa fiole, on ne sait jamais, puis finira par poser son index sur ses lèvres comme un signe de silence... parce qu'à ce train là, si elle continuait à hurler, il allait vraiment devoir l'obliger à se taire d'une manière ou d'une autre.

Elaine écarquille les yeux en le voyant faire. C’est tellement stupéfiant qu’elle en perd son latin et passer quelques instants, la bouche ouverte, à le regarder d’un air perplexe. Ce doigt posé sur ses lèvres… Ne peut-il pas lui demander de se taire en parlant, comme les gens normaux ? Si elle n’avait pas entendu le son de sa voix, le jour précédent, elle aurait volontiers cru qu’il était muet mais pour le coup il n’a, à ses yeux en tout cas, pas l’ombre d’une excuse. Elle pousse finalement un long soupir. Sa voix a reprit un ton normal mais elle dénote toujours une vive irritation : « Qu’est-ce qu’il y a ? » Elle qui est toujours bavarde ne sait plus trop comment s’y prendre pour communiquer…

Ashram prend une longue inspiration lorsqu'elle lui pose la question plus calmement... Son cerveau tournera à deux milles à l'heure, cependant, il avait une chance à tenter avant de la réduire totalement au silence et risquer de soulever plus de question à quelques jours à peine du sacrifice... Il se lèchera les lèvres comme pour réfléchir, les yeux argentés dardant le visage de la jeune femme... 

Il pointera son interlocutrice de l'index... Puis montrera le sol la ou elle s'était endormie la veille... Il posera la main à plat sur sa joue et commencera à mimer un sommeil agité... Un sommeil perturbé... Attendant quelques secondes pour voir si elle arrivait à suivre... Puis il se pointera lui, il désignera ensuite la fiole et montrera le chiffre 1 du pouce avant de désigner à nouveau Elaine et mimer ensuite un sommeil reposé. Il la fixera comme pour savoir si elle comprenait ses gestes... C'était pour lui le verdict... Si elle ne le croyait pas, il allait devoir prendre d'autres mesures, et adieu son étude des êtres de la surface.

Elaine adopte un air plutôt fermé : « Oui, vous m’avez endormie hier… En me faisant boire une goutte de cette fiole… » fait-elle en soupirant avant d’ajouter : « et cela ne se fait pas d’endormir les gens ainsi, vous savez ? En plus, je dormais déjà ! Vous m’avez réveillée pour me rendormir, vous ne trouvez pas ça totalement inapproprié ? » Il est à la fois très ténébreux et elle le devine dangereux et en même temps, en matière de relations sociales, il lui apparaît terriblement maladroit…

Ashram acquiescera alors doucement, visiblement elle commencer à marcher dans la direction qu'il voulait lui faire prendre, encore quelques efforts, il la pointera à nouveau... Avant de mettre sa main sur sa joue, il mimera un sommeil agité, remuer la tête, les épaules, quelques grognements... Avant de la regarder… Il forcera ensuite un léger sourire en pointant la fiole puis recommençant cette fois à mimer un sommeil qui celui ci sera posé, reposé, calme... Peut-être qu'elle comprendra enfin ce qu'il essayait de lui faire gober ? Qu'il ne l'avait fait que parce qu'elle semblait avoir un sommeil agité.

Elaine le regarde avec attention, décryptant ses mouvements comme si elle déchiffrait quelque document écrit dans une langue antique. Lorsqu’elle comprend, elle éclate de rire. Un rire léger et enfantin, pur, limpide comme l’eau d’une rivière.

Un rire qui s’éteint bien vite pour laisser placer à une vive contrariété : « Je sais que je n’ai pas forcément l’air intelligent », lui dit-elle, « mais vous pensez sérieusement que je vais croire que vous avez fait ça pour mon bien ? » Il y a dans ses yeux bleus une dureté qui jure avec la douceur du rire qui a retentit quelques minutes auparavant. Plus le temps passe et plus elle le trouve louche… Il la prend vraiment pour une idiote. Elle secoue la tête de droite à gauche : « Vous aggravez votre cas, vous savez, en me traitant comme la dernière des gourdes. »

Ashram se redresse alors en soupirant... Il range sa fiole dans sa sacoche en la fixant cette fois ci bien plus durement... Il secoue la tête de droite à gauche comme vraiment contrarié. Cette fois ci il ouvrira la bouche, prenant une lente inspiration.... Et des mots en sortent... lentement, à peine plus audible qu'un murmure, à peine plus fort que le bruit de la brise dans les arbres : 

« Alors tu ne me laisses pas le choix... Plutôt que de laisser couler, et continuer à vivre ta vie... Il faut que tu me menaces... Je n'avais aucune raison de te faire de mal, et je ne voulais pas en avoir…  Cependant en voulant aller voir la garde tu me donne une raison de te faire taire à jamais... Je pense que tu es effectivement une idiote. »

Elaine blêmit, se demandant avec égoïsme si les humains des Monts méritent bien qu’elle ait pris pareil risque pour eux… L’instinct de survie commun vaut-il mieux que l’individuel ? La peur se lit sur les traits enfantins de son visage : « Vous ne parlez donc que pour menacer… », soupire-t-elle. Son cœur bat si fort. Rien ne servira de courir, ni de crier. Il est trop rapide. Elle grelotte. Dans un ultime sursaut de courage –ou de folie- elle approche son visage du sien en se hissant sur la pointe des pieds et demande d’une voix tremblante, tout bas : 

« Vous allez me tuer, alors ? Vous savez que ma mort ne passera pas inaperçue ? Que je vive ou que je meurs… Vous êtes perdu. »

Ashram restera toujours aussi immobile, les yeux rivés dans les siens... Son regard acier semblant dur et aussi froid que le métal... Il lèvera lentement la main vers la joue de la rouquine pour l'y déposer doucement : « Je ne parle que lorsque c'est vraiment utile, les mots ne servent à rien... Mais vous êtres de la surfaces semblez les utiliser à tord et à travers et ne rien comprendre d'autre... Alors tu m'obliges à les utiliser... Je ne te voulais aucun mal. Je ne tue jamais lorsque ça ne sert aucun but. Et jusqu'à maintenant je n'avais envers toi que de la curiosité. Je voulais apprendre de ta race. Mais tu veux me forcer la main, m'obliger à te faire taire... Parmi les miens, je suis ce qu'on appelle un Maitre Assassin... Si tu m'obliges à te tuer, personne ne me verra, et personne ne saura. Tu disparaîtras tout simplement. Je ne laisserai pas un être de la surface me créer des problèmes tout ça  parce que je l'ai aidé à se reposer. »

Elaine le foudroie du regard. Toujours cet étrange mélange de peur et de hargne… : « Personne ne souhaite ma disparition ici… Une disparition de plus alors que Zéphyr sait que j’ai croisé l’un des vôtres dans la forêt… » Elle lui murmure : « Ils finiront par faire le rapprochement. Peu importe que nul ne sache que vous m'avez tuée. Ils feront le rapprochement. Vous ne pouvez décemment pas me tuer. » Elle tremble toujours. Sa main droite vient se poser délicatement sur l’épaule du drow, douce : « Nous sommes tous les deux dans l’impasse, je crois. »

Ashram approche alors ses lèvres de celles de la rouquine soufflant toujours aussi bas : « Ta mort me fera gagner du temps. Celle de ton homme de main suivra ensuite. Personne ne m'échappe, personne ne peut se cacher.... Vous serez simplement tout les deux repartis pour d'autres terres... C'est ce que tout le monde pensera. Tu souhaites vraiment m'obliger à de telles choses par caprice ? Juste parce que je t'ai aidé à trouver le sommeil et que pour éviter d'éveiller les soupçons d'un être aquatique j'ai déposé un baiser au coin de tes lèvres ? Ce ne serait pas ridicule ? »

Elaine résiste à l’inutile tentation de reculer brutalement le visage et de s’enfuir. Ses doigts se crispent légèrement sur l’étoffe de la cape qui recouvre les épaules de son interlocuteur. Elle maintient, à la fois avec attraction et anxiété, la proximité entre leurs deux bouches : « M’aider à trouver le sommeil ? Voulez-vous bien cesser, tout d’abord, de me prendre pour une idiote ? Si vous usez des mots avec tant de maladresse, je peux comprendre pourquoi vous êtes resté si longtemps silencieux… » Elle inspire une petite bouffée d’un air échauffé par leurs respirations réciproques, entremêlées au niveau de leurs visages : « Personne ne croira jamais que je puisse quitter cette ville. Vous avez tort de croire que les gens puissent disparaître si facilement, sans que le monde n’en soit ébranlé… Mais… » Elle ferme les paupières quelques secondes :

 « J’ai une proposition à vous faire, qui pourrait nous sortir de cette impasse. »

Ashram glissera lentement la main de la joue de la rouquine jusqu'à sa gorge, comme pour la maintenir, l'empêcher de reculer, sans pour autant exercer de pression assez forte pour provoquer une douleur... Ses grands yeux glisserons lentement des lèvres aux yeux de son interlocutrice, cherchant à la sonder, à chercher à deviner à quoi elle pouvait bien penser... Son souffle se mêlait à celui de la jeune femme, comme un baiser sans contact, les deux souffles se choquant, percutant.... :

 « Je n'ai fait que t'endormir, t'aider à trouver un meilleur sommeil. Je ne l'ai pas fait de bon cœur, j'avais d'autres motivations, mais toi, c'est tout ce qui te concerne... Tu as pu dormir paisiblement... Quand au reste, je doute que les humains soient aussi perspicaces que tu le penses, ils se moquent du sort de leurs congénères. J'en ai déjà eu la preuve... mais je t’écoute quand même, dis moi que tu n'iras pas me créer de problèmes, enlève moi cette raison de te faire disparaitre que tu viens de me donner. »

Elaine devient plus tendue. Elle sent ses muscles se raidir sous la gaine tendre de ses chairs. Sa respiration gagne en profondeur et son rythme cardiaque se fait de plus en plus rapide. Elle plonge son regard céruléen dans les iris argentés de l’elfe noir : « Que savez-vous de nous ? Pas grand-chose, je le crains… » Tous les humains n’étaient pas bons et une bonne majorité d’entre eux était en effet sujette à la couardise mais elle était un rouage nécessaire au bon fonctionnement de la cité puisqu’elle était le principal fournisseur des alchimistes d’Etat. Sa disparition les alerterait nécessairement, d’autant qu’elle n’est pas coutumière des absences imprévues :

 « Je ne dirai rien à une condition. » Sa voix vibre sous la peur mais elle dégage tout de même une certaine volonté : « Vous ne toucherez plus jamais un seul des humains de Couronne. Vous ne pénétrerez plus dans cette ville et garderez vos distances. Je ne sais pas si vous ou les vôtres êtes liés à la disparition de cet enfant et au point où nous en sommes, je ne veux pas le savoir. » Elle reprend son souffle. Leurs lèvres se frôlent. Frémissement. Elle reprend : « Vous avez déjà bien assez à faire avec les autres peuples. Prenez-vous en aux elfes, par exemple. »

Ashram écoutant chacun des mots d'Elaine, sa main gauche jusqu'alors cachée par sa cape ressortira une dague. Il la lèvera lentement pour l'approcher des yeux de l'humaine, il la fera tourner doucement entre ses doigts afin qu'elle puisse, si elle regardait la dague, s'apercevoir que la dague était recouverte d'une fine pellicule huileuse et d'une teinte violette... Pour ce faire il avait du reculer le visage de celui de la rouquine, mais il avait pour la peine raffermi sa poigne sur la fine gorge de la rouquine... Il soupire une nouvelle fois :

 « Tu es complètement stupide... Vraiment... Je n'avais aucun intérêt à te tuer, je n'avais aucune raison de le faire. Tu étais intrigante et je voulais apprendre à te découvrir » Il emploie visiblement le passé, « Mais parce que tu étais stupide, parce que tu voulais jouer à l'héroïne, et te mêler de ce qui ne te regardait pas... Il a fallu que tu m'obliges à te donner la mort... Ta race doit vraiment être dénuée d'instinct de survie, ce qui explique pourquoi vous êtes si faibles... » 

Il prendra encore le temps d'approcher la lame de la peau de la jeune femme. «  Tu t'imagines que tes requêtes sont impossible... Si je n'avais pas une mission à accomplir à Couronne, je ne serai jamais sortit des profondeurs de mes grottes... mais il a fallu que tu joue l'héroïne... Il a fallu que tu mettes en danger toute ma mission et même mon peuple. Tu ne me laisses pas le choix. »

Elaine est terrorisée. L’effroi fait vibrer ses iris bleus. Une certaine confusion vient perturber le bon fonctionnement de son esprit ; le faisant osciller entre orgueil, doutes et regrets. Elle va mourir, là, si proche de Couronne. Sans rien pouvoir faire. Cette terreur ne se reflète pourtant pas sur les traits doux de son minois qui gardent, elle-même en est surprise, cette sérénité singulière propre aux martyrs. Elle ferme les yeux. Qu’est-ce que ça fait de mourir ? C’est un assassin, cela devrait être rapide, se dit-elle comme pour se rassurer. Elle sent quelques larmes rouler sur ses joues, elle passe la langue sur l’une d’elle pour en sentir le goût salé. Une dernière fois ? La main qu’elle a gardée jusqu’ici posée sur l’épaule de l’assassin se relâche et retombe. Les siens la vengeront-ils ? Elle ne s’en soucie même plus… Ses jambes lui paraissent se dérober sous elle. Non, c’est tout le sol qui se dérobe. 

Tu n’es pas une héroïne, Elaine, tu n’as rien accompli…

Ashram désignera alors sa dague des yeux. Il soufflera tout bas : « Cette teinte violette qu'à ma dague s'appelle le Rathrae Dos... C'est un poison incapacitant, il t'empêchera de faire quoi que ce soit... Tu apparaîtras morte pour n'importe qui pourtant tu seras parfaitement consciente de tout ce qui t'arrive... La douleur sera décuplée... Les sensations multipliées par dix... Tu sentiras la moindre égratignure que je te ferai avec une violence rare... Cependant l'humaine... Si je te tuais maintenant, je te ferai une fleur. Je t'épargnerai une souffrance inutile. Mais je ne le peux pas, il va falloir que je te ramène à la prêtresse, c'est elle qui décidera de ton sort... Peut être que tu auras la chance de servir de repas aux démons Yochlol... »

Elaine a les yeux fermés et entend ce qu’il dit d’une ouïe troublée par la peur. Un assassin même pas fichu de la tuer sur le coup… Mais d’où sort-il celui-là ? A vrai dire, elle ne comprend pas l’intégralité de ce qu’il raconte mais rien de tout cela ne lui paraît plus réjouissant qu’une mort immédiate. Elle reste silencieuse, dans l’attente. Elle aurait eu le temps de crier mais chaque seconde qui passe lui semble détruire cette opportunité… : 

« Avez-vous vraiment besoin d’utiliser ça sur moi ? », le questionne-t-elle finalement d’un grognement. 

C’est vrai, quand même. Elle est tellement frêle qu’il n’y a pas besoin de la paralyser pour la trimballer comme on veut… Est-il lâche à ce point ?

Ashram laissera alors la dague glisser le long du dos de l'herboriste, sa main sur la gorge se resserrant un peu plus pour l'obliger à s'approcher de lui, la plaquer contre lui... Il souffle tout bas, laissant ses lèvres à quelques millimètres des siennes... Reprenant son murmure au rythme lent de son cœur... 

Il déposera un rapide baiser à la commissure des lèvres de la rouquine, comme il l'avait fait la veille : «  Je te laisse le choix petite chose... Je n'ai aucune envie de te tuer, ni aucune raison pour l'instant... Souhaites-tu mettre en marche les menaces que tu as proférées ? Où allons-nous oublier tout ça et simplement faire connaissance comme je le voulais à la base ? Saches que si tu mens, ton destin tu le scelleras toi même. Mais si tu me prouves que je peux te faire confiance, alors tu ne craindras rien de moi. »

Elaine est livide. Elle n’a jamais eu aussi peur de toute sa courte existence. A bon être une héroïne si c’est pour mourir ? De toute façon, que peut-elle faire, elle, contre ces monstres ? Malgré la terreur qui l’habite désormais et qui n’est pas près de la quitter, Elaine se met à rougir lorsqu’il la presse contre lui pour lui baiser le coin des lèvres. Elle n’a pas le courage –ni l’envie ?- de s’offusquer de pareille attitude et pourtant, la jeune femme étant d’une pureté incontestable, elle n’est pas coutumière de ce genre de contact. Son regard fuit celui de l’elfe noir alors que le soulagement d’être encore en vie lui tombe dessus, aussi lourd qu’une enclume. En vie.

 Elle se met à balbutier : « Je… Je ne dirai rien à personne. Jamais. » Elle trouve ça un peu facile comme moyen de s’en tirer mais après tout, s’il lui fait confiance…

Ashram s'écartera alors d'un pas, pour ranger sa dague au fourreau... Il la détaillera un instant soufflant toujours aussi bas : « Je ne tiens pas à te tuer... Surtout pour des raisons que tu t'imagines. Montre-moi que j'ai raison de te laisser la vie. Je te l'ai dis l'humaine, si tu ne me causes pas de tord, je n'ai aucune raison de te tuer... Je ne suis pas là pour ça. J'ai bien plus important à faire que de m'occuper de ceux de ta race. En revanche si tu dis à qui que ce soit ce que tu penses avoir vu, pense avoir deviné, ou ce qu'il vient de se passer ici. Il n'y aura pas un seul endroit sur cette terre ou tu pourras te cacher assez bien pour m'éviter. »

Elaine manque de tomber lorsqu’il s’écarte d’elle. Tout cela lui fait perdre le sens de l’équilibre. Elle n’a aucune idée des raisons pour lesquelles il l’épargne. C’est un assassin, il est habitué à tuer. Pourquoi préfère-t-il lui faire confiance ? Qu’est-ce qui a retenu sa main ? Qu’est-ce qui a poussé ses lèvres contre les siennes, aussi ? Et pourquoi, elle, ne parvient-elle pas à lui vouer la haine farouche qu’il mérite ? Elle relève vers lui un regard hagard, perdu. Il lui laisse le choix. Il lui laisse le choix de mourir pour prévenir les siens ou de survivre en les menant, peut-être, à leur perte… Compte-t-il donc sur son égoïsme ? N’est-elle pas égoïste ? : « Je ne dirai rien, c’est promis », répète-t-elle. C’est la seule chose qu’elle est capable de dire à l’instant tant la tournure prise par la situation la laisse pantoise.

Ashram acquiescera lentement s'écartant doucement pour lui laisser le passage libre... : « Je n'ai rien contre toi ni contre ceux de ta race. Alors ne sacrifie pas ta vie inutilement. Il va falloir que tu apprennes à donner plus d'importance à ta vie, parce que crier à la garde pour des raisons que tu ignores, pour des suppositions, ça peut parfois s'avérer dangereux. »

Elaine le détaille d’un œil brumeux avant de commencer à avancer vers Couronne, d’une démarche raide, presque douloureuse. Elle s’arrête à mi-chemin entre l’elfe noir et les escaliers qui permettent de monter jusqu’au cœur de la citadelle. Tournant le buste de trois-quarts, elle lui décoche un regard un peu étrange : « Je suis désormais la gardienne de votre secret. Alors, ayez au moins le bon sens, si ce n’est la courtoisie, de m’épargner vos leçons. Vous étiez prêt à tuer une jeune femme désarmée pour les vôtres. J’étais prête à faire la même chose pour les miens. Nous ne sommes pas si différents. »

Ashram hausse les épaules : « Là où tu fais erreur l'humaine, c'est que j'étais prêt à te tuer pour protéger mes secrets, je n'ai pas pour habitude d'être exposé. C'est à ma vie que j'ai pensé. Si je suis exposé, je ne peux pas accomplir ma tâche et si je ne peux pas accomplir ma tâche c'est la mort qui m'attend. En ça nous sommes différents, je me protège moi et je ne me mets pas en danger pour de parfais inconnus qui n'en auraient rien à faire de moi. »

Elaine lui adresse un sourire énigmatique : « Vous venez pourtant de vous exposer… Et ce ne sont pas des parfaits inconnus. » Elle incline la tête avec douceur avant de se retourner à nouveau. Ses pas l’approchent de plus en plus de Couronne et bientôt ils heurtent le marbre de l’escalier. Elle est en vue des gardes, il ne peut plus rien contre elle pour le moment. Elle mettra de longues heures à se remettre de cet épisode. Des jours, peut-être. Elle ne prendra pas de décision hâtive.

 Se taire ou parler. Vivre ou se sacrifier. Fuir loin des Monts ?

mardi 2 septembre 2014

VII - Elaine







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Skin : Glam affair - Elvi Europa 07
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Eyes : IKON - Lucid eyes cerulean
Eyelashes : Redgrave - Blackdarling
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Pants : Velvet Whip - Tracker outfit
Boots : Lassitude & ennui - Paramour boots

Jewels


Necklace : The Forge - Chain collar
Bracer : Aisling - Faranth bracer

La dormeuse et l'assassin




Ashram s'arrêtera près de son frère et commencera par désigner la rouquine qui dormait près de l'eau. Sa main droite se relèvera jusqu'à ses yeux pour les désigner, puis se désigner lui même puis son frère... Le signe habituel pour désigner d'éventuels témoins... Il penchera ensuite la tête de côté pour désigner un peu plus haut deux gardes en faction... Ceux là, ne seraient certainement pas très dur à endormir, le problème majeur restera bien entendu la fouineuse de la forêt .

Elaine profite des dernières lueurs du jour, allongée sur l’herbe tendre de la berge. Le clapotis paisible de la rivière l’a finalement plongée dans un sommeil paisible. Son corps, inerte, est si détendu qu’il en semblerait mort si une respiration régulière et sourde ne venait pas l’agiter de temps à autre, comme un dernier sursaut de vie dans cet endormissement serein. Sa chevelure rousse flamboie plus que jamais sous les rayons rougeoyants du soleil qui décline, s’apprêtant à plonger les Monts dans la nuit.

Ashram prendra à sa ceinture une petite fiole verte qu'il montrera à son frère... Le genre de poison qu'on peut utiliser pour endormir les gens trop bruyants, ou même les trop curieux avant de commettre un assassinat... Il pointera ensuite la rousse du menton. Il savait bien que son frère comprendrai le message, tout petit déjà il n'avait pas pour habitude de parler beaucoup. Il chercha ensuite dans sa besace un morceau de galette. Et en imbibera la un des bord de poison avant de se diriger vers l'humaine.

Elaine pousse un long soupir, expirant une bouffée d’air alourdi par le sommeil. Elle se met à remuer un peu, probablement ébranlée par quelque cauchemar venu troubler la quiétude de sa sieste crépusculaire. Sa main gauche s’agite pour venir se presser contre son flanc et de ténus gémissements surgissent plaintivement de sa bouche entrouverte. Elle ne semble pas réveillée pour autant et ses paupières frangées restent fermement closes.

Ashram garde la galette dans la main, la fiole de somnifère dans l'autre... Habitué à se mouvoir de façon silencieuse.. Cette fois-ci il n'avait même plus sa cape pour laisser derrière lui un bruissement significatif... Il restera étonné de voir avec quelle candeur les habitants de la surface pouvaient se permettre de dormir comme ça, à découvert, sans même avoir l'air de craindre quoi que ce soit... Il s'approcha alors un peu plus de la rouquine pour s'accroupir à ses cotés... Penchant la tête en avant pour détailler quelques instants son visage, et s'assurer par la même occasion qu'elle dormait bel et bien.

Elaine est toujours profondément endormie. Son âme est ailleurs et seule reste cette forme candide dont les quelques mouvements désordonnés et mous laissent supposer qu’elle n’est pas prête de se réveiller. Elle cesse d’ailleurs assez rapidement de remuer pour reprendre une immobilité parfaite, à la fois souple et pure. Le bras retombe sur l’herbe, presque lourdement. Son souffle est plus lent, plus sourd que jamais. Elle se met à sourire avec innocence. Le cauchemar s’est-il adouci ?

Ashram semble afficher un sourire, au moins visiblement elle ne semblera pas lui poser de problème, mais toujours, la prudence était de mise. Ne jamais faire d'erreur, ne jamais sous estimer les conséquences d'une action ou d'une situation... Il laissera la galette au sol, aucun intéret, la jeune femme est endormie, il n'aura même pas besoin de jouer de stratagème pour la garder en sommeil. Et encore moins besoin de lui montrer son visage. 

Ses long doigts légèrement frais viendrons se poser sur la lèvre inférieure de la jeune femme pour lui faire ouvrir délicatement la bouche. Ses mouvement était surs, comme s'il avait fait ce geste des dizaines de milliers de fois... De son autre main il débouche doucement sa fiole pour l'approcher de la fine bouche de la créature... Il se pincera les lèvres, il fallait faire attention, vu la corpulence de la jeune femme, une à deux gouttes maximum. Sinon ça risque de la tuer... Pas que la mort le dérangeait, loin de là, mais une mort inutile ne servait aucun but... Il restera là, immobile, prêt à droguer la belle au bois dormant.

Elaine contre toute attente, puisque la paix semblait l’avoir gagnée à nouveau, se réveille en sursaut. Sa bouche expire brusquement un soupir brutal, comme un cri silencieux. Ses paupières s’ouvrent brutalement et ses iris vert de mer, embrumés, décryptent une réalité qui ne vaut pas mieux que le mauvais rêve auquel elle vient s’échapper. Ce contact, subtil mais tout de même perceptible, sur sa bouche… Et cette ombre, penchée au-dessus, si effrayante qu’elle n’ose même pas bouger. 

Dans un réflexe profondément stupide, mais naturellement humain, Elaine fermera à nouveau les yeux. Peut-être qu’il aura disparu quand elle les ouvrira à nouveau. Peut-être.

La sirène, curieusement attirée par la surface, décide de passer la tête en dehors de l'eau discrètement... elle remarque alors deux bipèdes allongés sur le sol. elle penche la tête sur le côté regardant ce que l'homme fait à la dame qui a l'air plutôt endormi. elle ne s'y incrustera pas... trop méfiante... parait que les bipèdes sont plutôt violents et excessifs... elle assistera tout de même a l’étrange scène.

Ashram, réflexe purement assassin, il laissera une goutte tomber de la fiole pour venir s'écraser dans la bouche de la jeune femme... Elle s'était réveillée, ce n'était pas pévu ça... Il la verra refermer aussitôt les yeux... Soit elle faisait semblant, soit... Elle avait eu une phase de micro réveil.... Il rebouchera sa fiole pour la remettre à sa ceinture... Lui refermera la bouche de ses doigts... 

Une grimace sur son visage fait son apparition lorsqu'il entend la surface de l'eau être dérangée... Il tournera aussitôt ses grands yeux argentés vers la créature aquatique.... Incroyable le monde d'en haut regorgeait de choses étranges... Tant pis il fallait tenter le tout pour le tout, faire semblant de rien pour éloigner la curieuse... Il se penchant en avant pour déposer un baiser au coin des lèvres de la rouquine. Les êtres vivants avaient de tout temps été génés par les effusions de sentiments... Règle 9 des assassins... Au moins ça aurai des chances d'éloigner la curieuse.. 

Il lui fallait maintenant endormir la vigilance de la rouquine, tant pis... Pour une fois il ferait entendre le son de sa voix, il soufflera tout bas : « Ce n'était qu'un cauchemar... Rendors-toi. Il n'y a rien à craindre »

La sirène reste quand même intriguée et froncera les sourcils, fixant l’étrange fiole (qu'elle trouvait assez jolie au passage)... puis, surprise par le regard perçant de l'homme, elle fera un bon en arrière et retournera à l'eau ne laissant dépasser que le sommet de sa tête ainsi que ses yeux... et voyant le baiser de l'homme pensera alors qu'il ne s'agit la que d'un couple et que l'homme a certainement du administrer un médicament a sa chère et tendre qui avait un problème d'insomnie chronique... elle replongera alors aussitôt dans les profondeurs solitaires.

Elaine garde donc le liquide dans la bouche, se forçant à ne pas déglutir. Bon, s’il avait voulu la tuer, il est certain qu’elle serait déjà morte et qu’il n’aurait pas pris autant de précaution pour lui faire ingérer un poison mortel. Mais elle n’a pas envie d’avaler ce liquide étrange pour autant… 

Jusqu’à ce qu’il vienne lui baiser le coin des lèvres. Panique. Son cœur s’emballe. Elle déglutit. Merde. Liquide avalé. C’était bien la peine de faire attention… 

Elle rouvre les yeux, effrayée. Il agit étrangement, elle ne comprend pas. Elle essaie de se relever. Partir. Courir. Crier. Non, dormir. Son buste se redresse de quelques centimètres avant de retomber sur le sol. Ses yeux se ferment à nouveau et son pouls ralentit subitement. Elle gémit légèrement avant que sa respiration ne reprenne un rythme paisible et que tout son corps ne se détende sous les effets du somnifère.

Ashram l'installera confortablement sur le sol, puis récupèrera la galette qu'il jettera plus loin, on ne sait jamais il ne fallait pas que prise d'une fringale au réveil, elle engloutisse l'aliment enduit de liquide. Il se redressera ensuite, levant les yeux sur la cité, il était temps d'aller chercher les futurs sacrifiés, son frère devait déjà avoir repéré l'endroit, et plus de soucis à se faire sur l'éventualité d'un témoins... Il la fixera quelques instants, curieux, se jurant qu'il allait devoir la suivre, l'étudier, ces humains étaient des êtres particulièrement naïfs et imprudents, ils devaient avoir une arme cachée, mais laquelle... Il laissera donc la jeune femme là, étendue et perdue dans son sommeil pour se mettre en quête de son double.

Elaine est partie pour dormir encore de longues heures, voyant sa courte sieste se transformer en une nuit dense et obscure. La puissance du somnifère l'a plongée dans un sommeil dépouillé de tous rêves. Les quelques habitants de Couronne qui passeraient par là, habitués à son caractère de feu, ne viendront pas la troubler. Après tout, elle fait souvent la sieste ici. Le soleil vient de disparaître derrière la ligne de l'horizon et les Monts, engloutis par la nuit, ne sont plus que ténèbres.

La liste paresseuse

 Retrouvailles

 

 

Elaine arpente les ruelles de Couronne d’un pas enragé. Elle a cherché partout mais n’a pas retrouvé la liste de commande de son dernier client. Elle est persuadée qu’elle la perdue dans la forêt, lors d’un incident, la nuit précédente mais elle n’oserait certainement pas y retourner seule. Aussi s’est-elle mise en quête de celui qu’elle paie pour l’escorter et qui semble aimer jouer à cache-cache ces temps-ci .

Elle finit par apercevoir le malandrin : « Zéphyr ! » s’exclame-t-elle d’un ton qu’elle essaie de rendre autoritaire sans vraiment y parvenir : « Mais où étais-tu ?! »

Zephyr aperçoit une jeune fille, comme les auuuuu...tres. Elaine, elle s'appelle Elaine. Comme un bon malandrin qui se respecte, il devait certainement avoir dépense le peu de sa paye en putes et en alcool... puis encore en putes... Car putes on rit de fou... enfin un truc du genre. Se baladant simplement, il ne s'attendait pas a voir la rouquine l'haranguer ainsi et c'est d'un sourcil levé qu'il accueille cette salutation. Toutefois, sa voix rauque finit par rétorquer : « Moi aussi je suis content de te revoir. »

Elaine se contrefiche en fait de la réponse et lui laisse tout juste le temps de répondre avant de reprendre avec véhémence : « J’ai été obligée d’aller toute seule dans la forêt hier, pour une commande urgente ! » 

L’incident aurait pu être mineur, ce n’était pas la première fois qu’elle s’y risquait mais… : « J’ai fait des rencontres vraiment bizarres… pour ne pas dire très louches. » Elle fait la moue : « Si bien que euh… Je me suis enfuie et j’ai perdu la liste. » Battement de cils pour lui faire comprendre que, ben, il va falloir aller la rechercher la liste, quoi : « Sinon je suis TRES contente de te voir aussi. » Elle le fusille du regard, les bras croisés, contrariée.

Zephyr  n'a pas vraiment l'air contrarié pour le coup mais la fusille de l'œil - ben ouais il n'en a visiblement qu'un valide donc bon il fait comme il peut - de la même manière qu'elle. Bon son regard bifurque quand même plusieurs fois pour suivre les mèches cuivrées et se laisser un peu divaguer sur la silhouette de l'herboriste. Les belles plantes ne sont pas que dans la nature… Puis elle lui rappelle probablement une pute quelque part, qui sait ce qu'il peut bien avoir à l'esprit. Revenant aux faits, et le sourcil toujours pointé vers le ciel, il rétorque : « C'est ca de se balader seule en forêt. Sinon t'aurais pas besoin de moi et j'aurais des difficultés à me faire de l'argent. Puis ca se trouve ces rencontres ont eu plus peur de toi que toi d'eux »

Elaine ne semble pas remarquer la façon dont l’œil de Zéphyr divague sur elle, elle est innocente après tout. Elle adopte un air blasé : « Oh non… Ils n’avaient pas l’air d’avoir peur du tout. J’ai rencontré une magicienne qui a failli me brûler les pieds et surtout une espèce de type… avec une capuche. Il sautait partout et a envoyé un carreau d’arbalète à ça de mon visage. Il parlait avec une voix d’outre-tombe… Finalement, ils se sont entretués et m’ont laissée de côté alors j’suis partie. » Petit soupir : « en oubliant la liste par terre, naturellement… » Elle semble moins énervée, comme si le souvenir de cet épisode ravivait la peur en elle et que celle-ci atténuait par là-même sa colère.

Zephyr  étire une de ses mains pour ajuster un peu les attaches de sa hache. Le métal de son gant lâche d'ailleurs un bref grincement sinistre alors que son arme tinte brièvement en s'entrechoquant avec son semblant d'armure. Tirant sur sa pipe - car faut toujours profiter des pipes -, il soupire brièvement et crée un bref nuage de fumée alors qu'il lui réplique en la jugeant de son seul oeil : 

« Oui je comprends. La liste était la, tranquille, sur le sol de la foret. Quand soudainement deux étrangers t'ont forcée à partir. Les listes de nos jours ne suivent plus le comportement habituel... »

Elaine le foudroie du regard durant quelques secondes avant d’éclater de rire. Mais quel idiot… : « Non mais… » Elle glousse un peu bêtement : « Je l’avais posée pour ramasser des plantes… » Elle reprend son sérieux assez vite mais semble avoir perdu toute rancune à l’encontre de Zéphyr. Un peu soupe-au-lait, la demoiselle : « Bon… On va la capturer cette liste fugueuse ? » demande-t-elle d’un ton malicieux, « c’est pas très loin dans les bois, mais le type en noir m’a dit que cet endroit appartenait aux ombres, ou je ne sais quoi de très effrayant… »

Zephyr laisse la fumée se dissiper en coinçant sa pipe au coin de ses lèvres. Avec les années, il est devenu plutôt expert de ses lèvres pour manier la pipe, et seulement l'objet en bois pour fumer car sinon il ne mange pas de ce pain là. Il profite d'être à l'arrêt pour ajuster sa ceinture ensuite, l'air de rien alors que la rouquine lui explique son plan. Il ne semble pas vraiment convaincu d'ailleurs et pour traduire son désaccord, il répond : « Bien si la liste est fugueuse, elle ne sera probablement plus à cet endroit. Espérons que la liste est paresseuse plutôt donc »

Elaine lève les yeux au ciel : « Oui, enfin, bref… Elle sera probablement restée sur la mousse au pied du sapin où je l’ai posée. C’était une commande urgente, en plus. J’espère que ceux à qui le remède était destiné ne sont pas morts… » Elle lâche un soupir : « l’alchimiste ne me paiera pas sinon… », pense-t-elle tout haut avant de se rendre compte à quel point cette remarque est intéressée et cynique : « et euh… Les malades seraient morts… Vraiment triste… » Elle agite la main droite de façon nonchalante, chassant le parfum de la fumée qui vient titiller ses narines délicates.

Zephyr hausse les épaules a ses remarques. Il s'en fiche probablement comme de sa dernière pute de savoir si les gens sont morts ou non. Tant qu'il est payé, tout lui va. Il indique d'un mouvement de tête un chemin, l'air de dire que c'est le bon, et souffle : « Bien, en route alors, allons chercher cette liste qui sent le sapin. » Etirant une main comme pour inviter la jeune femme a lui montrer la direction, il semble tout du moins l'inviter à prendre les devants.

Elaine hoche la tête avant de s’élancer vers la sortie de la ville, déblatérant au passage ses dernières recommandations : « Il va falloir être prudent parce que si ces gens là rodent encore dans la forêt et bien, je crois pouvoir dire qu’ils sont dangereux. Et surtout, ils sont furtifs, l’un comme l’autre même si le type à l’arbalète est le plus doué en la matière. Enfin, c’est toi l’expert… » Jusqu’ici elle n’a jamais été déçue des services de Zéphyr mais sait-on jamais…

Zephyr prend les derrières donc... car il était obligé de le faire. Il emboite donc le pas de l'herboriste, restant très près d'elle comme son devoir lui impose et aussi car une foulée pour lui correspond à deux enjambées de la rouquine. Tout en marchant, il en profite pour se distraire comme il peut car Couronne n'est pour le moment pas vraiment un danger en soi selon lui. Il entraine donc son regard sur la silhouette de son employeur, qui malgré son allure enfantine reste tout de même une fille comme les autres, Elaine... Puis, il consent à lui répondre : « Bien il faut savoir négocier par moment aussi, la force n'est pas que le seul recours »


Rencontre fortuite 

 

 

Ashram s'arrêtera net dans sa marche pour détailler les êtres vivants présents. Il était un tant soit peu curieux, c'était rare quand il avait pu croiser ces sous êtres, habituellement ses talents étaient souvent exploités pour des raisons politiques. Rarement pour des êtres inférieurs. Il restera immobile, les mains cachées sous sa cape, à portée de ses poisons, de ses dagues, de ses armes, comme d'habitude au final. L'homme semblera attirer bien plus son regard... Il avait la peau sombre, presque autant que la sienne, mais la hache qu'il portait semblait lui arracher un sourire. Un combattant sûrement, ou alors un marchand.

Elaine continue de parler, parler, parler… Véritable moulin à parole quand elle est lancée : « Oui, tu peux négocier si tu veux, tant que je récupère la liste, je m’enfiche. Tu sais que d’habitude je suis vraiment courageuse » Ou pas mais elle le paie, alors il peut bien faire semblant après tout, « mais franchement, là, j’étais carrément pétrifiée. J’ai cru que ma dernière heure était venue… Oublier la liste, quoi ! Ca ne m’arrive jamais d’habitude, hein ? » Ils croisent un type à la peau d’obsidienne et à la cape noire ce qui la coupe dans sa verve pour quelques instants. 

Toujours commerciale, elle lui adresse un sourire engageant et un petit signe de la main : « Salut, salut ! » fait-elle d’une voix soudain enjouée avant d’en revenir à son garde du corps : « Sinon tu faisais quoi alors, hier ? Je t’ai cherché partout, surtout à la taverne et au bordel… Mais t’y étais pas. »

Zephyr  ralentit le pas quand sa patronne sans âme et pas très douée pour tenir des listes dans ses mains fait de même. Il aperçoit une silhouette sombre. Encore un ivrogne qui s'est chié dessus probablement. Mais en plissant l'œil, il comprend vite que ce n'est pas le cas. Simplement un coiffeur aux oreilles pointus qui a du oublier de se protéger du soleil. Néanmoins, par précaution comme par habitude, sa main gauche vient effleurer le manche de sa plus petite hache, un mouvement que le frottement du métal contre les sangles trahit. Toutefois son comportement ne semble pas agressif et c'est d'un hochement de tète, qu'il veut respectueux, qu'il salue l'étranger. Il reste prudent mais répond avec une certaine légèreté à la jeune femme : «  Hmm.. j'avais une affaire urgente à traiter. Une question de vie ou de petite mort. »

Ashram laissera son regard gris se poser sur la jeune femme lorsqu'elle lui adressera quelques mots ainsi qu'un mouvement. Il tournera la tête immédiatement au bruit qui semble émaner de l'arme de l'homme. Ses yeux rivés sur le moindre de ses mouvements. Il était à l'affut du moindre geste qui pourrait lui paraitre suspect. Ses doigts glisseront même jusqu'à ses dagues qu'il plongera dans ses fioles de poison incapacitant. Il ne répondra cependant pas aux deux, ni un geste, ni un mot... Patient, même presque immobile. Son regard passant rapidement de l'un à l'autre. Une marchande, et lui au vu du réflexe, sûrement un mercenaire. Rien de bien dangereux à ses yeux tant qu'il ne tentera rien, cependant la petite marchande lui semblait bien insouciante, et la réaction de l'homme lui donnait un élément... Aucun des deux ne semblait connaitre l'existence ou la nature de ceux de sa race... Une bonne chose. Il fait alors tourner les lames dans ses mains pour en garder l'acier posé contre ses avants bras, l'oreille tendue, les informations étaient le nerf de la guerre.

Elaine ralentit le pas quelques secondes pour tourner le buste de trois-quarts afin d’adresser un regard moqueur à Zéphyr : « Affaire urgente… T’as ramené une prostituée chez toi ? » Petit gloussement. Ne regardant pas où elle marche, elle manque de se prendre les pieds à l’orée de l’escalier et se rattrape tant bien que mal au prix de contorsions un peu ridicules : « Hmpf. » Cela semble avoir tari son flux de paroles et elle se renfrogne. Enfin, pendant environ trois secondes : « Un peu louche, ce type, non ? Plus ça va, plus il y a des gens bizarres à Couronne, tu ne trouves pas ? » glisse-t-elle à Zéphyr en prenant soin de ne pas parler trop fort.

Zephyr n'a pas vraiment l'air de s'offusquer qu'un gars tout en noir qui semble se toucher sous sa cape ne réponde pas. Il a vu des types faire des choses plus bizarres que cela au cours de ses périples. Son attention toujours divisé entre l'inconnu et la rouquine, il ne capte la maladresse de la rousse qu'au moment ou elle se rattrape de justesse. L'occasion pour lui de lui souffler immédiatement, sur un ton moqueur :  « C'est toi qui a l'air d'avoir fait des folies, tu ne sais même plus marcher… » Visiblement, il n’a pas l'air très gêné. Puis il se contente d'hocher la tête en réponse a ses dires, ajoutant néanmoins dans un murmure : « Je suis nouveau à Couronne mais je veux bien te croire »

Aenur avait suivi les traces de son frère à travers la forêt jusqu'a la cité, y pénétrant et montant les marches il voit alors l'herboriste de la veille, esquissant un sourire il poursuit sa montée, voyant ensuite son frère plus loin face à un homme à la peau sombre.

Ashram se déplacera rapidement une fois les deux personnes hors de portée de ses yeux, des gestes rapides et silencieux, seul le bruissement de sa cape pourra se faire entendre. Il ira se poster près du muret, détailler les deux individus avec intérêt. La maladresse, et le bourru, une bien belle équipe visiblement... Ce ne seraient pas le genre de personnes qui pourraient lui poser problème au détour d'une ruelle... Il tendra cependant encore l'oreille, une liste, elle avait parlé d'une liste... Peut-être qu'il ne s'agissait là que d'une liste de course... Peut-être pas.

Zephyr a l'impression de voir double l'espace d'un instant et croise un autre Nelfgro. Dommage d'ailleurs que les copyrights n'existent pas car il s'en ferait du fric avec ce mot. A nouveau, il incline brièvement son visage respectueusement, comme il l'a fait pour l'autre capitaine Spoke et se contente de suivre la rouquine.

Elaine piaille d’indignation face à la remarque un peu salace de Zéphyr : « Mais non ! » C’est alors que leur chemin croise un autre type comme le premier. Moins cordiale cette fois-ci, la jeune femme le scrute au moment où ils se croisent, d’un air à la fois méfiant et réprobateur. Ses yeux s’arrêtent quelques secondes sur les armes qu’il porte. Elle blêmit un peu, interloquée, et elle ralentit le pas, continuant tout de même à avancer, pour donner un coup de coude à Zéphyr : « Hey ! Hey ! », chuchote-t-elle, « Tu vois ce que je te disais ? Ils sont partout ! »

Zephyr roule de l'oeil… car il en a toujours qu'un de visible après tout... et se contente de rétorquer à l'herboriste : « Bien si les gardes les laissent passer… ils ont le droit. Puis y a un type à la taverne qui dit à qui veut l'entendre que un elfe ca va, c'est quand y en a plusieurs que ca pose problème. Donc ouais, je vois ce que tu veux dire. »

Ashram rangera ses dagues à leur fourreau... Soupirant doucement, il aura gâché une dose de poison pour rien finalement, le mercenaire avait juste eu un réflexe... Aucune intention de combattre. C'était dommage, il n’avait jamais eu l'occasion d'affronter un grand type à la peau sombre muni d'une hache qui devait peser au moins aussi lourd que la rouquine... Il détaillera son frère avant de désigner d'un mouvement de tête l'endroit ou se trouvait la taverne de l'autre soir... Sans un mot... jamais. Un être inférieur n'était surement pas digne d'entendre le son de sa voix.

Aenur ricane en entendant la vermine rousse, il a encore l'image de la veille alors que son carreau siffla a coté des oreilles de l'humaine, les laissant passer pour l'instant, comme il l'eut dit, ce n'est pas encore le moment de la sacrifier à Lolth.  il rejoint alors son frère et dira tout bas : « La vermine était non loin de nos grottes la lune dernière...à ramasser des plantes » ne disant rien de plus son frère se doutera qu'Aenur l'avait faite partir.

Elaine hausse les épaules. Elle lâche un profond soupir et décolle vers la forêt à petits pas, pressée de retrouver la fameuse liste...

Zephyr aime l'or donc la suit.

La liste retrouvée

 

 

Elaine s'engage dans la forêt. Au fur et à mesure de leur avancée, elle semble de plus en plus inquiète, jetant des regards autour d'elle avec frénésie. Elle sursaute au moindre craquement de bois et le bruissement produit par la course d'un renard non loin lui arrache même un petit cri minable.

Zephyr  garde maintenant constamment sa main sur le manche de sa hache. Le poing fermé dessus, il ne fait aucun doute qu'il pourrait la dégainer en une fraction de seconde si besoin. Il n'est pas visiblement plus effrayé quant à lui, juste plus silencieux. Il a tout de même besoin de mieux écouter ce qui peut bien se passer pour trier les sons entre ceux naturels et ceux qui seraient causer par une présence quelconque. Néanmoins, les errements de peur de la rouquine, le stresse un peu et fausse sa perception. Presque brièvement paternaliste, il lui lance :  « Faut pas avoir peur, je suis payé pour te protéger ? Enfin il parait que je suis payé tout du moins... »

Elaine se reprend plus ou moins, dressant l’échine et cessant de zieuter partout : « Oui, oui, je sais… C’est juste que j’ai tellement eu peur hier… » Ils finissent par atteindre l’endroit qu’elle aurait reconnu entre mille. La liste est là, sur la mousse. Elle pousse un long soupir de soulagement avant de se précipiter dessus pour s’en emparer comme si c’était un trésor infiniment précieux : « Aaaaah… MA liste. » Elle se retourne vers Zéphyr et lui adresse un grand sourire ravi, comme s’il venait de lui offrir un merveilleux cadeau : « Je me sens mieux ! »

Zephyr jette un oeil sur la silhouette de la rouquine et a une brève grimace qui lui déforme les lèvres, comme un sourire réprimé alors qu'il ne tire plus sur sa pipe pour que la fumée ne puisse pas venir trahir leur position à un quelconque prédateur. Difficile a dire pourquoi une telle réaction nerveuse, comme un tic d'expression, mais le mercenaire ne semble pas broncher. Écartant les branches de sa main libre, il arrive finalement avec la rouquine à la dite liste qu'elle avait perdu la veille. Inspectant les alentours un instant, avant de retourner son regard sur la jeune femme, un nouveau tic semble comme électrocuter ses traits avant de le contrôler pour répliquer :  « Une liste paresseuse donc au final »

Elaine agite la liste devant elle, comme pour s’éventer avec, en gloussant : « Oui, très paresseuse la coquine ! » Elle la parcourt rapidement du regard, les lèvres pincées : « Il manque encore deux trois plantes, je n’avais pas eu le temps de tout ramasser… » Battement de cils. Elle reprend sa marche mais en fixant le sol cette fois-ci, en mode recherche de plantes, balayant les sous-bois d’un œil minutieux et expert. Elle s’arrête de temps à autre, se penchant pour examiner en détail tel champignon ou telle baie, les cueillant parfois ou s’en éloignant en grommelant. Elle ne semble plus avoir peur, totalement prise par son activité.

Zephyr l'accompagne a sa manière. Néanmoins, son pouce dans son carcan de métal semble malmener un peu les sangles de la hachette qu'il maintient bien fermement de son poing. Son oeil suit la rouquine qui vadrouille presque, insouciante, comme si la foret n'était que son jardin. Son regard, bien que protecteur, s'abandonne souvent sur les rondeurs des fesses, moulées par sa tenue, de la jeune femme aux cheveux cuivrées. Les mèches d'ailleurs semblent attirer aussi son attention. A tel point que pour réprimer un autre tic, il se force à regarder ailleurs et aspire une bonne bouffée de fumée malgré tout comme pour s'apaiser. Il murmure quelques mots en expirant : « coquine oui.. essaie néanmoins de ne pas nous faire tomber sur des tarés »

Elaine poursuit cette lente recherche durant de longs instants, n’accordant guère d’attention à son garde du corps. Après avoir délicatement coupé les tiges d’une fleur d’amaryllis qu’elle range soigneusement dans une des poches à sa ceinture, elle se redresse et relie la liste à voix haute, les noms scientifiques et complexes de plantes se succédant les uns aux autres entre ses lèvres érudites. Elle pousse un long soupir d’aise : « On a tout ! » Elle replie prestement la liste et la glisse à sa ceinture : « Et bien, on peut rentrer… C’est bête quand même, les gens bizarres ne sortent-ils que quand je suis seule ? » Maintenant qu’ils en ont fini, elle semble presque déçue de n’avoir croisé aucun cinglé.

Zephyr prend la nouvelle avec un soupire d'aise. Pourtant il ne semblait pas plus inquiet que cela de croiser quelqu'un. Plissant son seul œil valide pour concentrer son regard sur la frimousse de la rouquine, il lui rétorque assez simplement : « Oh si j'étais complètement cinglé je sortirais pour t'embêter aussi si tu étais seule... Faut juste que tu sois patiente pour aller faire tes cueillettes avec moi et non comme si tu étais une guerrière née... »

Elaine sourit gentiment à Zéphyr : « C’est surtout que c’était censé être urgent… Enfin, ça m’a servi de leçon, j’suis pas prête d’y retourner seule. » Elle s’étire longuement avant de se mettre à bailler, plaquant tout de même une main sur ses lèvres afin de rester polie : « On rentre ? » Elle tourne les talons, s’élançant sur le chemin avec une certaine gaieté : « J’te paie dès qu’on est rentré ! » promet-elle pour l’encourager à presser le pas.

Souffler le chaud et l'effroi

Aenur est posté sur les hauteurs des cavernes, le regard balayant la forêt qui s'étend devant lui, sa cape de drow le camouflant dans les ombres de la nuit, sa capuche relevée on ne pourrait voir que ses yeux d'un rouge sombre percer au travers, si toutefois on fixe du regard l'endroit où il se trouve. Il a été attiré de suite par l'être qui déambule parmi les arbres, remarquant son appartenance à la vermine humaine il se contente d'observer pour l'instant, la femme ne représentant aucune menace, et encore moins d'intérêt pour le drow, l'elfe étant sa proie favorite.

Elaine traverse les bois d’un pas plutôt vif. Elle en connaît les dédales de verdure et ne risque certainement pas de s’y perdre. Elle en sait surtout les périls et, n’ayant pas trouvé ce fichu Zéphyr pour l’escorter afin d’accomplir une mission urgente, elle s’est retrouvée contrainte de s’y rendre seule. Une vie humaine est en jeu, lui a assuré l’alchimiste passant commande.

Elle lorgne sur le parchemin qu’elle tient en main d’un œil un peu contrarié afin de scruter les sous-bois de ses prunelles d’experte. Là. Elle reconnaît nettement le chapeau bleuté du fameux champignon. Lactarius Indigo. Elle se précipite auprès de sa précieuse trouvaille avant de s’accroupir, dégainant un petit couteau afin d’en sectionner le chapeau sans avoir à arracher l’intégralité du champignon : « C’est pas trop tôt… », marmonne-t-elle d’un ton revêche.

Aenur continue d'observer la vermine humaine, elle était entrée dans son champ mortel depuis un moment, mais à cette distance la elle n'aurait même pas le loisir d'entendre le sifflement d'air avant que le carreau de son arbalète ne l'atteigne, pas pour la tuer non, mais celui-ci, enduit du poison classique des drows provenant de l'outre-terre immobiliserait instantanément l'humaine, d'un mouvement assuré sa paume se pose sur la crosse de son arbalète de poing, ses iris carmin ne quittant pas le moindre mouvement et les environs en contrebas.

Elaine rengaine le couteau avant de ranger précieusement le champignon dans l’une des petites poches à sa ceinture. Elle ramasse la liste, laissée dans la mousse quelques instants auparavant, et se met à en lire le contenu, ponctuant le tout de remarques : « Hm… Donc, ça c’est bon. » Moue boudeuse : « Comment veut-il que je trouve des amaryllis en cette saison ? » Elle grogne mais elle sait qu’elle trouvera. Elle trouve toujours. D’habitude, il y a Zéphyr qui monte la garde et qui l’écoute râler. Mine de rien, ça lui manque de n’avoir personne sur qui grogner. Petit soupir tandis qu’elle achève la lecture. Elle relève le museau et scrute le sol des environs avec attention.

Asheera arpente les chemins verdoyants des monts lorsqu'elle tombe nez à nez avec une femme à la même couleur capillaire qu'elle, ne remarquant pas encore le drow sur le rocher. Asheera aura un mouvement de recul, tout en fixant la femme en penchant la tête sur le côté, un lueur étrange dans le regard.

Aenur est toujours immobile comme une roche, ne faisant qu'un avec l'environnement où il se trouve, il a appris au fil de ses longues années à la surface, en tant qu'éclaireur, à ne faire qu'un avec toute chose, et la nuit est sa plus fidèle alliée, observant toujours l'humaine qui semblait être en pleine collecte, un drow habitué à l'outre-terre uniquement aurait pu voir en elle une imitation d'elfe, mais pas lui. Non, elle est plus une sorte de marchande de plantes en pleine quête de produits... Son regard bascule alors directement sur l'autre vermine humaine qui s'approche sans même prêter attention au lieu. Deux vermines, cela devient plus intéressant et celle-ci non plus n'entendrait rien quand il tirerait le carreau de sa seconde arbalète, dont la crosse était déjà caressé par son autre main...

Elaine pousse un petit cri ravi. Là, au pied de ce sapin, se dressent les fleurs azurées d’une scutellaire, brandissant le bleu céruléen de leurs pétales rétractés. Elle allait se précipiter sur le trésor botanique quand une ombre se dresse à côté d’elle. Elle n’est pas peureuse mais elle fait toujours preuve de prudence, aussi tourne-t-elle la tête avec une pointe d’appréhension.

Les traits juvéniles de son minois se font doux lorsqu’elle réalise qu’il s’agit d’une jeune femme en robe. Elle fronce le nez, un peu interloquée par la manière étrange dont elle la regarde. Elle la gratifie donc d’un sourire avenant : « Salutations, ma dame. » Commerçante avant tout, elle perd tout son caractère revêche lorsqu’elle se retrouve en bonne compagnie : « La nuit est agréable aujourd’hui, ne trouvez-vous pas ? »

Asheera observe la scène qui se déroule devant elle : un cri de joie pour une plante ? Elle ne trouvait de logique rationnelle là-dedans pour sa part. Elle aura un léger soupire blasé. Avant de froncer les sourcils et de la regarder encore plus bizarrement quand elle lui fera un sourire. Du coup, elle regarde derrière elle s’il n'y a pas quelqu'un d'autre. Non, personne. Visiblement elle s'adresse à elle, mais aucun sourire ne sera fait en retour : « Salutation, les nuits sont toujours plus agréables que le jour. » dit-elle simplement d’une voix froide, sans aucune intonation.

Elaine perd peu à peu son sourire, celui-ci laissant place à un air à la fois intrigué et méfiant. Elle est parfaitement consciente qu’il y a des gens… des choses étranges dans les bois. Et s’il n’y avait pas urgence, elle se serait bien gardée d’y aller seule. Elle rit légèrement, gênée : « Hahaha… Oui, hein. C’est plus… calme et plus… sombre et euh… plus frais. » Ses yeux vert de mer courent sur la jeune femme, la détaillant de haut en bas, s’arrêtant longuement sur son visage comme pour en percer les secrets :
« Vous m’excuserez mais je vais aller ramasser cette plante avant qu’elle ne se sauve… » 

Nouveau rire crispé. Comment ça ce calembour est minable ? Elle se précipite vers le sapin à petits pas. Elle jette tout de même un coup d’œil derrière elle, à la dérobée, espérant peut-être voir que cette femme se décide à poursuivre son chemin.

Trishna ne semble pas s'émouvoir du rire, mais elle remarque bien par contre la gêne et peut être même la légère inquiétude de la jeune femme et elle s'en amusera en esquissant un sourire machiavélique l'accompagnant d'un regard de la même trempe. Avant de reprendre son chemin d'un pas lent et assuré. Mais la crainte de celle-ci l'amuse que trop et la divertit dans son ennuis alors, discrètement, elle fera naître quelques flammes dans sa mains avant de les envoyer à  une cinquantaine de centimètres des pieds de la jeune femme. Juste de quoi la faire sursauter. Elle l’éteint aussitôt en refermant la main et s’éloigne désormais pour de vrai.

Elaine constate avec satisfaction que la femme s’éloigne. Elle reporte finalement les yeux sur le sol et garde les pupilles rivées sur la fameuse scutellaire. Elle en prélève des échantillons avec une délicatesse et une habileté qui témoignent d’un grand savoir-faire. Cela l’apaise rapidement et elle retrouve sans tarder tout son aplomb…

Jusqu’à ce qu’une flamme ne vienne échouer sur la mousse, non loin de sa botte gauche. Surprise, elle lâche les fleurs qu’elle vient de cueillir et pousse un cri de frayeur. Saletés de magiciens. Par bonheur, l’humidité du sol ne permet pas à l’étincelle de créer quelque brasier… Les yeux écarquillés, la bouche en rond, elle tourne lentement le visage dans la direction du projectile magique, priant pour qu’elle ne soit pas en train d’en charger un autre… La femme semble vraiment partir : « Putain… » souffle-t-elle, encore choquée.

Aenur avait observé en silence les deux humaines qui s'approchaient de la grotte, et par ce fait de l'une des entrées de l'outre-terre, elles s'avançaient de trop à son goût, et alors qu'il verra l'une d'elle enflammer le sol il ne comprendra que trop bien ce qu'elle est, son intérêt est éveillé, là. Une mage faisait toujours un bon sacrifice, resserrant ses paumes sur les crosses de ses arbalètes, s'amusant au passage de la réaction de la cueilleuse, il laisse alors entendre une voix lugubre et sombre :

 « Quittez ces lieux sur le champ....les ombres les possèdent... » restant toujours camouflé dans les dites ombres, les yeux rivés sur ses cibles.

Elaine se remettait tout juste de sa frayeur enflammée qu’une voix bien glauque retentit à son oreille, venant… d’en haut ? Elle lève les yeux avec lenteur, appréhendant probablement ce qu’elle va voir. Encore un fou ? Un démon ? Un vampire ? Une ombre encapuchonnée. Une petite voix, au fond d’elle, lui dit de courir très très vite et de ne jamais ressortir dans cette forêt sans la compagnie d’une armée. Mais sa rencontre avec la magicienne l’a clairement perturbée et elle se contente de sourire d’un air innocent –idiot, diront certains- tout en demandant d’un ton tout aussi béat : « Euh… Pardon ? »

Aenur esquisse un sourire en voyant que la femme ne se mets pas a courir vers la ville, une once de courage peut-être, vaine de toute façon, après leur passage en ville la veille beaucoup devaient être au courant de leur présence de toute façon, mais d'aucun ne savait ou il résidait, Aenur restera tapi dans les ombres, se mouvant silencieusement, avec agilité et rapidité vers un autre point des hauteurs, sa voix glauque se faisant a nouveau entendre :

« Je suis l'ombre....la lame dans la nuit qui t'ôte la vie....quitte ce lieu ou embrasse l'ombre éternelle… »

Trishna s'amusera a s'assoir a même le sol non loin de la jeune femme au plantes, et la voix sombre et mystérieuse, sa robe verte lui procurer l'avantage de se dissimuler mais ses cheveux a contrario étaient peu discrets, mais ça elle s'en contre carre. Paisiblement elle s'adosse à l'arbre. Observant la scène sans sembler vouloir bouger le petit doigt au pire elle meurt l'herboriste et cela ne lui fera ni chaud ni froid. Gentille, hein ?

Elaine ouvre à nouveau la bouche en rond. Il est sérieux, là ? Cette réplique est à la fois effrayante et ridicule… Elle hésite quelques instants entre éclater de rire, style tu m’as bien eu mais ça marche pas avec moi ton délire d’ombre de la nuit super méchante et partir en courant. Sa voix enfantine, scandalisée, s’élève dans l’air parfumé de la sorgue :

« Mais la forêt est à tout le monde ! J’ai besoin de ces plantes ! »

Putain. Pourquoi a-t-elle dit ça ? Mais pourquoi ? Petit raclement de gorge confus. Elle jette un coup d’oeil aux fleurs qui gisent à ses pieds. Maintenant qu’elles sont coupées, elle ne peut tout de même pas les laisser là. Histoire de retrouver un peu de contenance, elle se penche donc pour les ramasser et les ranger consciencieusement dans sa besace.

Trishna manquera de rire quand elle entendra Elaine se scandaliser ainsi. Mais elle se retient, pour ne pas faire remarquer sa présence, discrète et silencieuse, sachant se fondre dans le décor comme elle l'a toujours fait toute sa vie. Elle lève le nez en direction de monsieur l'ombre ténébreuse, oui oui redondance. Un fin sourire se dessinant sur ses lèvres comme attendant la suite sadiquement allé-t-il lui faire voler la caboche ou pas? Ou peut être l'éviscérer? Dans tout les cas un peu de sang qui gicle la divertirait dans son délire psychopathe.

Aenur garde son sourire dissimulé sous sa capuche, l'innocence de ces deux vermines face à la menace qu'il pourrait représenter, la menace de son peuple, l'amuse. Par contre, ce qui l'amuse moins c'est la présence de la mage qui ne bouge pas, il avait apprit lors de ses nombreux raids à la surface à s'en méfier et à agir plutôt qu'a prévenir.

Le maitre éclaireur allait passer à l'action, dégainant ses arbalètes de poing, ambidextre de nature chacune visa un point pile a coté des têtes des humaines, les deux carreaux partirent en même temps, ce coup la elles pourraient entendre l'air siffler, se demandant bien d'ailleurs comment la mage avait pu le voir avec sa cape drow prenant la couleur de l'environnement ou il se trouvait, mais ce n'est qu'un détail en soi, il est maitre de son terrain de jeu... Se déplaçant directement après avoir tiré, toujours en un mouvement furtif.

Elaine devient pâle comme un linge. Ce sifflement. Non. Ce carreau d’arbalète, planté, là. Si proche de son visage. Elle regarde avec une effroyable fascination la sève qui coule le long de l’écorce du pin, sous le terrible projectile. Cela aurait pu être son sang sur sa peau, s’il l’avait voulu, se dit-elle. Elle ne poussera pas un cri. Il est des peurs qui laissent simplement muet, dépouillé de toute parole. Ses mains se relâchent les premières. Ses jambes deviennent cotonneuses et elle se surprend à rester consciente malgré l’état de terreur pure dans laquelle la proximité de la mort vient de la plonger. Livide, haletante, le regard fixé sur l’arbre comme s’il ne pouvait plus s’en détacher ; elle reste immobile, l’esprit tellement embrouillé qu’il ne fonctionne plus du tout.

Trishna entend le sifflet du carreaux passer juste a côtés de son oreille, ses cheveux volant au passage. La ça l'amuse encore plus, il l'avait donc remarqué dommage, elle ne savait pas exactement où il était mais chaque fois qu'il parlait elle arrivé a le situé a peut prés sur le rocher. Un rire tout aussi machiavélique que son sourire plutôt se fit entendre : « Eh bien...Eh bien... Ombre des ténèbres crois-tu me faire peur ? » Sa voix sonne comme celle d'un démon venu d'outre tombe alors qu'elle est bien humaine. Mais depuis au moins deux ans elle avait épousé le chemin de l'enfer et ne semble pas effrayée pour le moins du monde par la mort.

Son regard se faufilera sur la jeune femme tellement apeurée, qu'elle ne bouge pas d'un poil, ce qui la fit rire encore plus se moquant presque d'elle avant de s'adresser a elle d'une voix ferme et forte : « Cours si tu tiens à la vie ! » ce n'est pas tant pour que la vie soit sauve de l'herboriste qu'elle agit ainsi. Elle espère surtout la voir courir comme un lapin chassé par l'ombre du chasseur.

Aenur amusé d'une part par la peur qui envahit l'une des vermines, un autre amusement venant de la seconde vermine qui semble ne pas craindre la mort, enfin il n'est pas la pour donner la mort, il n'en est qu'un intermédiaire, si son carreau aurait touché les deux seraient inconsciente, mais vivantes, prêtes à être amenées à la prêtresse dans le but d'être sacrifiées à Lolth, sa voix se faisant entendre à nouveau : « Je ne crois rien vermine...contrairement à toi qui crois avoir un semblant de pouvoir...je sais et je suis... » il se redresse alors, sa cape perdant la teinte de la roche pour reprendre sa couleur obsidienne d'origine, tout comme le reste, a la faible lueur de la lune elles ne pourront que voir une ombre a forme humaine, toujours encapuchonnée, ses deux arbalètes tenant en joug les deux vermines :

 « Quand à toi qui semble la plus censée, ramasse tes plantes et quitte ces lieux, l'heure de te tuer au nom de Lolth n'est pas encore venue... »

Elaine expire un souffle rauque et profond. Le hurlement moqueur de la sorcière –mais que fait-elle encore ici celle-là ? – et les propos miséricordieux de l’ombre l’aident à s’extirper du trouble tétanisant dans lequel l’effroi l’avait précipitée. Incapable de dire quoi que ce soit, elle se contentera d’obéir, trop heureuse en comprenant que sa vie est sauve pour le moment. Elle s’incline, ramassant les dernières fleurs de ses mains tremblantes et file sans demander son reste. Incapable de parler comme de courir, la petite herboriste s’éloignera donc en marchant. Pantelante, chancelante et frémissante. Sa silhouette gracile est rapidement happée par les ténèbres des sous-bois. De sa présence, elle ne laissera qu’un souvenir involontaire. Un parchemin, gisant sur la mousse au pied du pin. 

La fameuse liste.