mardi 15 juillet 2014

Les dons de la mer

Wakiza, le guide de S'Wari, lui a promis de l'accompagner sous l'eau pour qu'elle y trouve la carapace de tortue dont elle a besoin pour créer une "arme". Il fait beau, l'eau est calme : c'est le moment !

Wakiza pointe du doigt le bras de la rivière, « Ici, l'eau ramène tout. Peut être le bon lieu pour chercher. »

S'Wari sourit, satisfaite. Les eaux sont calmes. De l'huile. Cela va leur faciliter la tâche : ils n'auront pas à lutter : « En effet. » Elle retire ses vêtements prestement, ne désirant pas les mouiller. Les peintures tribales partiront mais peu importe... Ses yeux clairs sont rivés sur les remous paisible du fleuve : « Il y a un peuple qui se nomme les Pani », se souvient-elle à voix haute, « certaines esclaves y sont formées pour aller plonger dans les profondeurs des eaux. Les Ama. Elles sont vraiment talentueuses, elles peuvent rester très longtemps sans respirer... ». L'image splendide de ces jeunes femmes nues, fines, avec leurs longs cheveux bruns raides courant sur leurs reins blancs, effleure l'esprit nostalgique de S'Wari qui se laisse à rêvasser quelques instants.

Wakiza écoute S'wari, qui pense parfois tout haut, exactement comme lui. Il désigne le bras de la rivière « J'aime venir plonger ici, l'eau est claire ». Il continue à lui parler tout en déposant sa lance et son arc au sol, il enlève aussi les quelques babioles autour de ses bras et poignets ainsi que son pagne « Me mets nu. Cela plus pratique, pour nager, surtout s’il faut aller au fond ». Il la regarde, inquiet, « Tu sais bien nager ? »

S'Wari tourne le visage vers le Mamba pour lui adresser un sourire rassurant : « Oui, je sais bien nager. ». Comme pour lui prouver, elle glisse lentement dans l’eau. Cette dernière est tout juste plus fraîche que l’air ambiant, l’entrée y est facile. Bientôt, tout son corps est immergé dedans. Ses bras s’agitent calmement autour d’elle, la maintenant sans peine à la surface tandis que ses jambes battent une lente cadence en dessous afin qu’elle puisse rester sur place : « J’espère qu’il n’y a pas de poissons carnivores dans cette rivière », fait-elle d’un ton préoccupé. Si Wakiza vient y nager souvent, cela devrait être bon…

Wakiza la regarde glisser dans l'eau, il se sent rassuré : « J’ai gardé ma dague, cela peut être utile ». Lui ne glisse pas, il fait comme il adore : un plongeon en sautant et faisant éclabousser l'eau partout , remonte la tête hors de l'eau, bougeant les jambes, il fait signe à S'wari de le suivre, « Là-bas eau profonde. »

S’Wari
rit gaiement lorsque les éclaboussures provoquées par le plongeon du chasseur viennent mouiller son visage et sa chevelure. Puis, elle s’élance à sa suite, dans une brasse parfaitement maîtrisée. Ils s’éloignent de la rive : « Ici ? », demande-t-elle tout en regardant autour d’elle.

Wakiza glissait dans l'eau. Il faut dire que Waki, lui, adorait l'eau. Nager était un vrai plaisir. Il arrive non loin du lieu, qu'il pense , « Yebo ici, dessous, très profond. Là, plus creux, et toujours plein de choses ramenées par l'eau, même trouver de jolies pierres ici. » Ses pieds remuaient sous l'eau, il balançait les bras,  « Va falloir prendre grande respiration, car c'est profond ici, on va juste regarder s’il y a ce que tu cherches, j'irai avec corde la prendre. »

S’Wari acquiesce aux recommandations du chasseur : « Bien. » Elle inspire une vaste bouffée d’oxygène avant de plonger à son tour, son corps frêle basculant vers l’avant. Elle conserve les yeux ouverts, ceux-ci mettent un certain temps à s’habituer mais elle finit par discerner ce qui se passe dans l’eau. Elle s’enfonce dans les profondeurs à coup de vives ondulations, gardant un œil sur Wakiza afin de ne pas s’éloigner de lui. Des algues sombres viennent chatouiller leurs peaux. Le fond de la rivière est tapissé de choses rejetées jusqu’ici par Thassa : des coquillages, des pierres de toutes tailles et de toutes couleurs. Ses yeux balaient la zone en quête de la fameuse carapace mais ils s’arrêtent sur un éclat métallique qui attire son attention… C’est trop loin, elle ne peut vérifier ce dont il s’agit. Bientôt, l’air manque. Elle fait signe à Wakiza qu’elle remonte. Peut-être que lui aura vu une carapace…

Wakiza suivait en se glissant dans l'eau à la suite de S'wari. Il s’habitue vite à regarder dans l’eau et, ne quitte pas des yeux S'wari ; il ne voulait surtout pas qu'elle se noie. Il la voit regarder rapidement vers le fond, il voit comme d’habitude, plein de débris, mais voit surtout S'wari remonter vers la surface, sans avoir eu le temps de savoir si elle vu quelque chose. Il décide de remonter, ne pouvant lui parler sous l’eau. Alors de ses pieds, il remonte vers la surface, reprend son souffle et se glisse près de S'wari : « Tu as vu quelque chose ? »

S’Wari reprend son souffle avant de s’adresser à lui, d’une voix fébrile : « Pas de carapace mais il y a un objet en métal au fond… Peut-être qu’on pourrait le récupérer ? » Peu à peu, sa respiration devenue haletante reprend son rythme normal.

Wakiza reprenant son souffle la tête hors de l'eau, près de S'wari lui demande : « Je n'ai pas vu mais je vais te suivre. Une fois arrivée au lieu pointe ton doigt dessus. Je vais y aller, après remonte, et regarde bien où je vais sortir la tête de l'eau, sera dessus. »

S’wari hoche de la tête positivement. Elle gorge ses poumons d’air avant de plonger à nouveau. Elle nage rapidement vers le fond de l’eau, s’assurant que Wakiza la suit bien. L’éclat argenté heurte son regard, elle se dirige vers celui-ci, comme un moustique inexorablement attiré par la lumière d’une lanterne. Elle écarte les algues qui recouvrent l’objet, mettant à jour celui-ci : c’est une épée. Elle la désigne au chasseur avant de prendre l’impulsion pour remonter. Elle espère que l’arme ne sera pas trop lourde pour lui…

Wakiza suit S'wari, il ne la quitte pas des yeux. Arrivé au lieu, il voit ce qu'elle lui montre. Cela ressemble à une épée. Il tente de la prendre mais la trouve lourde, ça va être difficile. Il décide de remonter. Il arrive à la surface et regarde S’wari : « Elle trop lourde, mais moi idée. Toi monter dans pirogue et y arrimer une corde. Vais la descendre et attacher l'épée. Après on va la remonter » toujours à la surface de l'eau, il donnait de petits mouvement pour flotter.

S’Wari acquiesce : « bonne idée, ne prenons pas de risques. » Elle nage jusqu’à la pirogue avant de se hisser dedans. Plusieurs cordages sont enroulés à l’intérieur de l’embarcation. Elle en déploie un qu’elle arrime à la pirogue. Elle s’assure que la corde est bien fixée avant de la jeter à Wakiza, prenant soin de ne pas le blesser. La corde percute l’eau avec violence, provoquant quelques remous.

Wakiza suit S'wari et remonte sur la berge. Il replonge directement dans l'eau et va vers le lieu, suivant la pirogue il nage doucement vers elle. Il la voit  jeter la corde : « vais plonger, l’attacher. Quand moi tire doucement sur corde, toi essaie de la remonter. Je vais remonter, me tenir à la pirogue, et t'aider. »

S'Wari fait signe qu'elle a compris. Elle se penche un peu pour le voir faire tant que possible. Son cœur bat de plus en plus vite, elle est à la fois anxieuse et excitée.

Wakiza remonte assez rapidement reprend sa respiration, et s'accroche d'une main a la pirogue, aide aussitôt S’Wari à tirer. Cela devient beaucoup plus facile, il tire. Il lui dit « Vais redescendre, pense avoir vu quelque chose que toi va aimer. Mais avant sortons cette épée de l'eau ».

S'Wari continue de tirer jusqu'à ce que le pommeau de l'épée face surface. Elle s'en saisit alors pour la poser sur la pirogue. Elle souffle longuement, récupérant après l'effort : « Tu as vu une carapace ? », demande-t-elle avec enthousiasme. Si c'est le cas, leur pêche aura été pour le moins fructueuse.

Wakiza hoche la tête, « Yebo, je pense. Vais replonger avec la corde, et là si c'est bien cela moi ferai pareil. Mais nous pas la monter dans pirogue, juste la laisser trainer derrière tout près, la hisserai quand nous revenus à la berge ». Sans plus attendre, il replonge dans l'eau, en prenant une grande respiration, nageant assez facilement, sans se fatiguer. Il parvient au fond, et la, parmi les algues, yebo, une carapace de tortue. Alors, il prend rapidement la corde, la passe dans la carapace. Il fait un nœud et tire doucement avant de commencer à remonter vers la surface.

S'Wari a un sourire enchanté sur les lèvres. Elle attend que Wakiza soit totalement remonté et elle manœuvre l'embarcation afin de lui faire faire demi-tour, la menant ensuite vers la rive.

Wakiza sort la tête de l'eau assez vite et file vers la berge, sort de la flotte, s'ébrouant sa tignasse sans se soucier si lui arrose S'wari au passage, lui prend la corde et commence a tirer dessus , avance un peu dans l'eau et sort la carapace, la tire sur la berge, « c'est cela que toi voulais ? »

S'Wari s'ébroue pour chasser un peu de l'eau qui alourdit sa chevelure. Elle se penche sur la carapace : « Tout à fait ! C'est parfait ! » s'exclame-t-elle tout en relevant le museau pour adresser un grand sourire à Wakiza : « Merci ! » Elle détache la carapace et s'en empare, la pressant contre sa poitrine mouillée. Finalement, son attention vient se porter sur l'épée qui se trouve toujours dans la pirogue. Étrangement, l'arme n'est pas rouillée. Son métal scintille comme si elle venait d'être forgée. Son pommeau, arrondi, est d'un blanc cassé qui laisse imaginer qu'il est sculpté dans l'ivoire. C'est une épée à une main, assez courte. Le guerrier qui l'utilisait devait être de petite taille... : « Qu'en fait-on ? », demande-t-elle, « L'offrons-nous à l'Inkosi ou veux-tu la garder pour toi ? »

Wakiza file dans la pirogue se saisie de l'épée la regarde, elle était belle, il la prend se retourne : « Sha, elle est à toi, moi je n'ai fait que t'aider, tu en fais ce que tu veux » Il hausse les épaules, « et moi veux pas armes de blancs, aime pas et si moi cela sur moi, si vais à l'eau, moi couler, pas bon pour nager, trop lourd », il ramasse ses armes au sol et remet vite son arc. Il se regarde. Il n’a plus de peinture. Là, il dit à S'wari, « oh moi tout nu, plus de peintures », grimace, « bon vais aller au camp, là moi avoir terre et remettre. Vais porter l'épée, toi porte la carapace », ramasse son pagne, ainsi que ses bracelets, et commence a aller vers le camp.

S'Wari sourit de plus belle en apprenant que l'épée est sienne. Elle sait déjà ce qu'elle va en faire et son cœur bat la chamade rien qu'en y pensant... Elle pose la carapace et enfile ses vêtements à son tour, prestement. Elle récupère le trésor et s'engage à la suite du chasseur, ravie.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire