mardi 22 juillet 2014

La leçon

Al'Ka a promis à S'Wari de lui rendre la liberté si elle parvient à enseigner le mamba ancien à deux des Jang'Ka qui ne parlent pas encore cette langue.

Yali suivait l'Inahan sans poser de question. Yali était vraiment quelqu'un de paradoxal dans le choix de son obéissance. Tantôt, il refusait de suivre ceux de l'Inkosi, tantôt il ne créait aucune résistance à suivre celle de l'Inahan. Peut être qu'il calculait lui même l'intérêt pour lui de suivre ces ordres là avant d'agir en conséquence. Au moins S'Wari aura la chance de l'avoir sous la main juste après le bain de la main, autrement elle aurait eu à subir sa présence odorante en plus de son caractère de bosk. Il s'assied devant elle et commence à l'écouter, prônant fièrement un  « J'ai appris le goréen tout seul », sans vraiment savoir qu'il n'avait pas vraiment eu le choix de comprendre la langue, vu qu'il l'entendait tous les jours.

S'Wari écarquille les yeux : « C'est une bonne nouvelle, ça. Une fois que tu auras les bases, tu progresseras vite. » Elle le sonde de ses yeux clairs. Vient-il d'attiser la curiosité de S'Wari ? Elle le questionne, certaines informations pourraient lui faciliter la tâche : « Tu connais d'autres langues que le goréen ? » Elle ne connaît que peu de choses de l'histoire de Yali et après tout, cette leçon de mamba est aussi l'occasion d'en savoir plus.

Yali posait son index vers son anneau nasal, et commence à jouer avec, chose qu'il ne fait presque jamais habituellement. Sans doute une habitude qu'il prenait dans ce genre de situation, ou on lui demandait une certaine ouverture d'esprit et réflexion pour apprendre. Il hochera la tête négativement. « Nai, pas d'autres... », il essayait de se rappeler des termes qu'il utilisait à l'époque... pour les différencier du goréen commun. Le fait qu'il ait appris cette langue tout seul pouvait aussi créer quelques confusions par rapport au mélange de vocabulaire entre les langues, et du coup, ne plus les dissocier.

S'Wari le scrute d'un œil attentif : « Bien...» Elle passe une main pensive dans sa chevelure blonde, jouant de ses doigts entre les cheveux fins et légèrement bouclés par l'humidité de la jungle : « Cette langue n'est pas difficile à apprendre. La première chose que tu dois savoir c'est que le verbe, en mamba, porte toujours le sujet avec lui. » Elle parle assez lentement et articule bien : « Par exemple, pour dire "je suis en train de manger", on dit "Ninakula" ». Elle répète : « Ninakula », avant d'expliquer avec précision : « Ni correspond à je, na à suis en train de et kula correspond au verbe manger. Ni-Na-Kula. Je-suisentrainde-manger. »

Yali hochait la tête positivement, puis essaye ensuite de répéter les termes. « Ni..naakula. » Répétera t-il avec un accent propre à ceux qui vivaient encore plus au sud que les montagnes de Ta-Thassa, les opulents Turiens. « Ninakula. » répétera t-il encore. C'était toujours mieux prononcé, que lorsqu'il avait commencé à répéter les mots d'Isha n'importe comment.

S'Wari le laisse répéter avant de poursuivre : « Si tu veux faire passer ta phrase au passé, il faut changer le NA qui correspond au moment présent. Ainsi, NiLIkula signifie : je mangeai. LI correspond au temps passé. Nilikula. » Elle marque une petite pause pour qu'il enregistre l'information : « NiTAkula signifie je mangerai. Le TA correspond ici au futur. » Elle reprend le tout -l'enseignement c'est l'art de la répétition - : « Ninakula, je mange. Nilikula, je mangeai. Nitakula, je mangerai. » Elle sonde Yali afin de vérifier s'il a tout compris.

Yali plissait les yeux pour calculer toutes les informations. Ce n’était pas une foudre de guerre dans les exercices intellectuels visiblement, mais pour le coup, la chose était bien expliquée. « Nilikula... nitakula, ninakula... ai, ça marche avec tous les mots pareil ? » lancera t-il, bien que ça lui semble un peu trop simple.

S’Wari acquiesce : « Oui, cela fonctionne ainsi. Si tu as la base du verbe pour dire quelque chose, tu sauras désormais l'exprimer à la première personne et dans les trois temps. » Elle laisse un léger sourire filer sur son minois avant de poursuivre : « Si tu veux dire "TU", tu remplaces le NI par WA. WAnakula, tu manges. »

Yali hochait la tête positivement. Pour l'instant il pigeait, les prêtres rois soient loués. Tant que ça ne l'agaçait pas, rien n'était perdu. « J'imagine que je vais devoir apprendre plein de mots. »

S’Wari acquiesce : « Des verbes, bien sûr, que tu pourras désormais conjuguer. Et puis des noms, aussi. » Elle poursuivit, durant plus d'une heure, par l'enseignement de phrases basiques afin de lui permettre de saluer, de dire au revoir, de se présenter et de demander à l'autre comment il se porte. Dans l'idéal, si elle parvient à attraper Tarik et à lui enseigner les mêmes choses, elle essaiera de leur faire faire quelques dialogues pour qu'ils s'entrainent.

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