jeudi 4 décembre 2014

Le coeur

 « La blessure vit au fond du coeur. »
Virgile, l'Eneide


 Kube'Ba Wawindaji rentre au camp, une belle prise dans les bras, content de sa chasse. Il observe au loin Liana, tellement discernable avec sa longue chevelure blonde/blanche, et tient... la petite muette près du feu. Il sourit en le réalisant, et lance un "Hou !" jovial à toutes deux. Il va déposer l'animal pas très loin, histoire de l'ouvrir et le préparer pour la tribe.

Liana verra Kube arriver avec de la bonne barbac. Elle s'approche de lui pour regarde l'animal * Hou .. * Fixant la viande et se disant qu'elle servira a nourrir la tribu un repas seulement sans doute. ils étaient vorace les sauvages * Hou .. *

Atalante est étendue auprès du feu. Ses paupières ouvertes laissent les flammes se refléter dans le miroir de ses yeux. Elle ne réagit pas directement à l’arrivée du chasseur portant son gibier. Il lui faut quelques instants avant que la curiosité ne la tire hors de sa léthargie. Elle redresse alors le buste et hausse le menton pour regarder avec indiscrétion ce que le nouvel arrivant est en train de faire.

Sa'Afi  rentre enfin au camp après sa balade dans les contrées dangereuses, elle a faim cette promenade lui ayant ouvert l’appétit, elle salue les présents, " hou Ku'Be, hou Liana" elle fera juste un signe à Atalante, se demandant comment elle est encore en vie

Kube'Ba Wawindaji relève la tête, sourit largement en entendant Shujaa, puis "Hou hou hou" comme la chouette pour le bien commun. Il s'était déjà affairé à ouvrir la bête, de la trachée au bas ventre, histoire de conserver les viscères. Il fait des petites piles, pour que chaque partie servent à la bonne chose. Un peu d'intestins, un peu de foie, un peu de chair, un peu de muscle...

Liana observe avec attention comment il fait. Elle le faisait facilement sur des petits gibier mais les gros s'était une autre affaire. Elle regarde vers Sa'afi pour la saluer * Hou Sa'afi * Dit elle vers elle. Elle ne pretera pas d'attention à la muette car elle avait décidé qu'elle ne l'aimait pas.

Atalante tourne quelques secondes la tête vers Sa’Afi, se contentant de la dévisager avec une mine stupéfaite. Puis elle revient à Ku’Be, ses iris glissant au passage sur les formes nues de l’inahan blonde. Elle garde ses distances mais pour une fois elle paraît intéressée par quelque chose puisqu’elle s’avance d’un mètre pour s’offrir un meilleur point de vue.

Sa'Afi regarde la bête en court de découpe, encore un beau travail de Ku'Be, elle le trouve grand guerrier, mais après la conversation avec M'Wana, elle essaie de na pas être trop proche de lui et de contenir son désirs, " Toi faire des ravages dans la jungle pendant la chasse, mais tribu desoin de viande"


Kube'Ba Wawindaji louche l'espace d'un instant sur la petite, au fond, puis sourit, discrètement. Lorsque l'animal vidé, il lève la patte avant, détachant le muscle du torse, suivant avec sa dague acérée la jointure entre les parties. Et hop... Une patte détachée, la peau légèrement coupée pour dégager la chair. Il fera attention pour que les kikes puissent tanner la peau. On la vendra, ou on l'utilisera à d'autres fins. Il tranche un morceau près de l'épaule, sans tiraille, une belle partie, en sommes. Il le tend à Sa'afi "Shujaa, tu en veux ?" Ses mots d'hier résonnaient dans sa tête, mais il tente de les chasser de ses pensées.

Sa'Afi s'approche de Ku'Be acquiesçant de la tête, " yebo un morceau bien saignant et chaud" puis elle regarde Liana, " va chercher un bol pour mettre le sang dedans nous allons partager la boisson"

Zhoay croise les bras sous sa poitrine en observant attentivement les gestes de Kube. Elle reste fascinée par le dépeçage d'un si gros machin. Tout un art et surement une habitude de décolleter du gros matos. Elle sourit légèrement puis va chercher un bol pour récupérer le sang. Ses gestes deviennent naturels et sans grimace elle s'approche de l'animal mort se mettant a genoux le bol entre ses mains prête a récupérer le sang.

Kube'Ba Wawindaji relève la bête, pour aider au sang à couler.. l'avait déja saigner, au moment de la prise, pour l'achever. Il n'avait pas penser à conserver le sang. Cependant... Il fait un rictus sauvage, et détache le coeur dans le poitrail, chaud, large, et le porte à sa bouche. Il plonge ses prunelles dans celle de Sa'Afi, un peu comme l'autre jour, quand ils avaient partagé le sang, sur le corps de la blonde. Il prend une bouchée, mâchant le muscle coriace entre ses dents, laissant couler le liquide poisseux sur sa barbe et son torse. Il le tend à la guerrière, en défi, mais il sait déja qu'elle y répondra avec plaisir.

Liana verra que son bol de sang ne sert a rien du coup elle se relève le laissant au sol au cas ou elle vomirait de voir les deux bouffer le cœur. Elle se recule de quelques pas regardant ailleurs parce qu'ils étaient vraiment dégueu.

Sa'Afi n'a pas l'habitude manger le cœur saignant, d'habitude celui ci est offert aux chefs de la tribu, elle est surprise mais amusée aussi, Ku'Be la prendrait elle pour une chef, " yebo moi pas chef pour manger coeur " elle prend le morceau de coeur, et vient pour la première fois de sa vie croquer dedans à pleine dent, non sans faire une moue. trouvant cela bon quand même, son visage change arborant un sourire, " asante pour le coeur " la bouche pleine de viande sanglante, elle tend le reste du cœur à Liana, " Inahan vouloir goûter "

Atalante s’avance encore un peu, se mettant finalement debout. La corde qui relie son poignet droit à une pierre commence à se tendre, lui faisant éprouver les limites de sa toute relative liberté. Elle glisse le bras droit dans son dos afin qu’il ne soit pas trop tiraillé et elle contemple le cadavre de l’animal dépecé avec stupeur. Le sang qui coule. Le cœur qui ne bat plus et que l’on dévore. A-t-elle seulement déjà vu pareille créature ? Sait-elle simplement que la viande vient des animaux ? Elle est chamboulée.

Liana a un premier haut de cœur mettant sa main sur sa bouche ... puis un autre serrant plus fort sa main ... Et quand Sa'afi lui propose de gouter et qu'elle voit sa bouche remplit de sang, elle dépose une tarte tout droit sortie de son estomac non loin des pieds de Kube ... Elle relève la tête vers Sa'afi * euh non merci ça ira * Le teint plus blanc que blanc.

Sa'Afi amusée par le refus de Liana, elle décide de ne pas insister avec elle, sachant qu'un jour elle sera obligée d'y venir comme elle, elle entend la muette essayer de venir tirant sur la corde, elle se retourne vers Atalante, et lui tend le morceau de cœur cru et sanglant, " toi manger viande" s'approchant d'elle et lui tendant le morceau de cœur restant.

kube'Ba Wawindaji a un mouvement de recul très marqué, parce que bon, se faire gerber quasiment dessus, c'est jamais sympa. Heureusement, le coeur est dans les mains de Sa'afi, parce qu'elle l'aurait probablement reçu en pleine tronche, la Liana. Il gronde, déplace la bête, les corbeilles autours qui permettent le tri des parties. Il ne sait pas que les coeurs appartiennent qu'aux Inkosis, il en chassera d'autres, des tabuks, sleen, pour qu'ils en mangent. Il se replace pour continuer sa besogne, levant maintenant les deux gigots longs, puis courts, machette les sabots... etc etc etc.

Atalante fixe son regard clair sur Sa’Afi qui s’avance vers elle, armée d’un reste de palpitant. Atalante ne semble ni effrayée ni dégoutée. Elle penche subtilement la tête sur la gauche tout en l’observant venir. Ses prunelles se baladent le long de la chair brunie de la sauvageonne avant de s’arrêter sur le morceau de viande sanguinolent. Elle tend la main pour le récupérer et elle le saisit avec une douceur étrange, refermant ses doigts dessus précautionneusement comme on saisirait un papillon dont on craint d’abimer les ailes poudreuses.

Liana avait encore du mal avec tout ça alors elle inspire profondément en grimaçant. Elle regarde Sa'afi proposer du cœur à la femme. Elle observe de loin ne voulant pas s'approcher parce qu'elle a le coeur sensible là.

Kube'Ba Wawindaji tourne sa focale sur l'Échange sanglant, entre la muette et la guerrière. Bon... fallait qu'il se l'avoue, il avait vraiment "pogné de quoi" (oui oui, québécois style) avec cette histoire de sang. Limite...sa tête lui tourne quand la rousse prend le cœur. Il les observe avec attention, mettant en veilleuse son dépeçage en règle.

Sa'Afi regarde Atalante et la voyant plus qu’intéressée par la scène, elle décide de la détacher et la prendre en laisse avec elle, la tenant de près et serrée, elle la regarde fixement, " si tu essaie de fuir, tu finie en nyama (viande), mange la viande que tu viens de prendre, on te regarde", puis elle se tourne vers Ku'Be forçant Atalante a la suivre et regarde le dépeçage, " oublie pas de récupérer le sang, Liana va t'aider "

Liana se demande de quelle planète débarque la rousse. Elle semblait être habité d'un aura particulier. La fille était fascinée par un cœur. Et elle petit cœur elle avait. Une main sur son estomac elle s'avance vers Kube pour lui murmurer * comment tu peux ? * Elle le savait originaire du nord et sans doute pas adepte du mangeage d'abats

kube'Ba Wawindaji : "Shujaa... le sang...très...peu..." Comme hypnotisé. Il répond à Liana "J'aime tout...de plus en plus..."Ça prend 3 semaines changer ses habitudes alimentaires, ça faisait plus longtemps qu'il était dans la jungle. Il lâche tout, pour le coup, et va se jucher dans sa position préférée sur une roche, observant la rousse pour la suite, vraiment curieux.

Atalante ramène le reste de cœur vers elle. Sa main droite vient se placer au-dessus de lui. La corde, derrière, se tend. Une expression singulière bouleverse les traits de son faciès. Tristesse infinie. Ses doigts vibrent. Tremblements. Ils viennent caresser la chair à vif, comme ils caresseraient quelque petit être fragile et sensible. C’est alors que Sa’Afi récupère la laisse. La corde se relâche. La tension reste. Les yeux d’Atalante s’emplissent de larmes. Tenant toujours le reste du cœur avec délicatesse, la jeune femme s’avance vers le cadavre disséqué de l’animal.

kube'Ba Wawindaji crahapute tel un feral près des kikes, terriblement curieux, et quelque chose dans la nature de la rousse vient le chercher...

Liana déglutit un peu. Il se passait des choses bizarres ici et elle était dépassée. Voyant que la rousse s'approche du cadavre, quelques scènes d'horreur lui reviennent en tête comme quand les zombies de walking dead mangent les autres dans une sauvagerie sans nom. Elle veut pas voir ça, la rousse semblait tarée. Elle se retourne pour aller voir ses poissons qui sechent

Sa'Afi entend la question de Liana, elle explique rapidement comment elle a reussi a en manger, " tu sais lors des ascensions et des fêtes en ton honneur, quand tu te retrouve au milieu de la tribu et que l'inkosi t'offre un morceau de viande ou abats cru et que tous le monde te regarde attendant que tu en mange, tu n'as pas trop le choix, aussi tu gères ton stresse et tes hauts de coeurs" puis elle se tourne vers Atalante, lui prenant la main avec le coeur et la forçant à approcher la viande de sa bouche, " ouvre et mord dedans" la c'est du forcage d'alimentation.

kube'Ba Wawindaji observe Sa'Afi, pas nécessairement la façon dont il aurait procédé, mais... Ses paroles sont justes, et a contrario de la blonde, lui, avait très hâte d'en vivre, si les esprits lui permettaient. Il se remet au travail, glissant sa lame pour détacher la peau du muscle, tranchant la gorge un peu plus pour en arriver à la colonne, et ultimement, la couper avec une machette ou un semblant de scie.

Atalante allait se pencher sur le cadavre mais elle n’en aura pas le temps puisque la Mamba essaie de la contraindre à manger ce cœur dont Atalante n’a visiblement nulle envie de faire son repas. Elle garde les lèvres parfaitement scellées alors que des larmes viennent tremper le teint blafard de ses joues rebondies. Elle se tortille comme un ver afin d’échapper à l’emprise de Sa’Afi.

Kube'Ba Wawindaji relève sa focale vers la wanawake, puis croise celle de la rousse "Une étape à la fois, tu ne crois pas? Un beau morceau tendre, qui vient d'ici..." Il pointe de la lame le milieu du dos, mais laissera la shujaa décider de la suite.

Sa'Afi ne lâche pas sa prise, tenant la laisse serrées et sa main, elle la fixe dans les yeux , une lueur sauvage ressortant , ses canines acérées apparaissant , pas contente. puis écoutant Ku'Be, elle grogne pas contente, mais c'est un mâle de la tribu aussi, elle la la main d'Atalante, " tu devrais remercier Ku'Be, car moi je t'aurais forcer a en manger" elle oblige Atalante à rendre le morceau de viande à Kube, "rends le morceau au guerrier qu'il le mange"

Atalante prend quelques secondes pour se remettre de cet affrontement inégal. Elle pose alors les yeux sur Ku’Be. Triste. Elle s’avance d’un pas hésitant et s’accroupit face au chasseur. Le corps dépecé du tabuk est étalé entre eux, barrage sanglant et morbide. Sans lâcher l’homme du regard Atalante étend le bras vers le cadavre. Elle pose le reste du cœur dessus. Elle le rend à son seul propriétaire, le seul à qui il a permis de vivre. La main gauche de la jeune femme glisse alors sur la tête intacte de l’animal et se met à en caresser le museau. Elle pleure. En silence.

Kube'Ba Wawindaji opine du chef à Sa'Afi, satisfait. Il s'avance pour s'approcher d'elle, et passe sa paluche ensanglantée sur la jambe de la wanawake, pour la remercier. Ses canines...les dents... L'avait quelque chose de très.. primal. Son attention est détournée quand la rousse se met face à lui, au dessus du tabuk. Il prend le coeur, lui n'attendra pas, et en mange un bon bout, parce que bon, c'était frais, c'était bon. Lorsqu'elle pleure, en caressant le museau, l'homme explique. 

"Je sais que tu me comprends. Quelque chose me laisse le croire. Ta bouche ne s'ouvre pas, je pense de plus en plus que c'est ta nature, mais tes yeux parlent. Alors laisse moi t'expliquer..." Il inspire, entre deux bouchées, et débute son laïus "Je ne chasse que les mâles, plus fort, ceux qui ont déjà donné vie. Jamais les femelles, ni les petits. Je remercie les esprits, et Thor, comme l'akicita m'a appris. Je tue pour que tous puissent vivre, jamais par abus. Je suis fier de ma capture. Tu peux pleurer, sur sa mort, mais sois certaine qu'il n'en sera jamais vain." Il pose sa grosse paluche chaude sur la main qui flatte le museau, cherchant son regard.

Sa'Afi tend la laisse à Ku'Be, " tiens fais en ce que tu veux, moi je vais faire un tour et je reviens" sans dire l'endroit ou elle compte partir

Atalante écoute l’argumentation de Ku’Be. Cela se voit parce qu’elle relève le nez au fur et à mesure qu’il avance dans son discours. Elle frémit lorsque la paume de la main du chasseur rencontre le plat de la sienne. L’une est brûlante, l’autre est gelée. Elle n’essaie cependant pas de retirer sa main. Elle le contemple alors qu’il termine son monologue. Touchée. Elle se met à sourire entre ses larmes, d’une risette quiète et rassurée. Elle incline la tête vers l’avant. Merci.

Elle essaie finalement de retirer sa main. Les contacts prolongés semblent la gêner ou la mettre mal à l'aise. Elle baisse les yeux, la mine un peu perdue.

kube'Ba Wawindaji avait pris la laisse, bien sûr, mais avec un certain relâchement. Il sait que si elle partait, il n'aurait qu'à s'élancer, ou bander son arc. Sa main n'est plus sur la sienne, il poursuit son travail, yeux penchés vers la bête. Il poursuit "Je suis né torvi, d'Einar, qui a périt. Je suis du nord, dans mes veines coule la neige, et le blizzard. J'ai erré, longtemps, devenue veuf, et père de deux fils morts. J'étais marin, chasseur et marchand puissant. Maintenant, je suis ici, près de cette bête, à chercher à nourrir la tribu, ma tribu...." À la fin, il la confronte des yeux, toujours curieux de ses réactions. Il s'ouvrait, aller savoir pourquoi. Le silence avait ça de beau qu'il laissait place à la confidence.

Atalante lui prête une oreille attentive. Le sens de certains mots, les noms propres et le vocabulaire relatif au climat du Nord semble lui échapper car elle fronce les sourcils lorsqu’il les prononce mais le reste de l’histoire est visiblement compris. Elle hoche la tête. Elle sourit toujours, d’un air plus grave qu’auparavant. Elle le prend au sérieux et paraît accorder de l’importance à ce qu’il dit. Elle est comme une enfant à qui l’on raconte une histoire avant d’aller border son lit : passionnée.

 Probablement est-ce la première fois de sa vie que quelqu’un prend le temps de lui adresser des mots qui ne sont pas des ordres…

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